C'est l'événement sportif de l'année : Les Jeux de Paris. - Tout se joue à des détails c'est certain. Comment les champions s'y préparent-ils ? Que nous dit la science pour atteindre la performance ? - On n'a plus de sportifs qui font un podium par hasard. Matthieu Thomas, numéro 1 français en para badminton, nous embarque 24 h dans son quotidien.
- C'est une opportunité de malade les Jeux à Paris.
- Qui veut du pain ?
- Moi !
Pour Mathieu Thomas, 39 ans, chaque journée est millimétrée. Les JO, ce père de famille s'y prépare tous les jours depuis 6 ans.
- J'ai l'impression d'avoir un job comme les autres en tout cas pour eux. C'est ça que j'ai envie de leur transmettre. La différence c'est que, si je veux vraiment gagner, je dois m'entraîner très dur.
Chaque matin Mathieu Thomas rejoint le CREPS Île-de-France. La base pour lui se perfectionner dans sa discipline : le badminton.
- Ah ben t'es fort avec cette ouverture de pieds. Allez !
Ces postures, ces gestes, Mathieu les répète environ 20 h par semaine.
- Et cette rotation à la fin. Des sessions très longues.
- Hop ! On repart.
Mais que son entraîneur adapte.
- Encore ! Allez Math ! Dans l'entraînement, il y a des phases où on va entrer dans une phase de fatigue et relâcher nos cycles. On va baisser le volume, prioriser d'autres choses. C'est des moments de récupération qui permettent de revenir plus haut.
- Je suis fatigué mais ça va mieux.
Selon une récente étude, 17 % des sportifs s'entraînent plus de 30 h par semaine. Mais pour tous, ce qui a pris une part considérable, c'est la préparation mentale. Lors des JO de Rio en 2016, seulement 17 % des médaillés l'ont pratiquée. Aux JO de Tokyo, ils sont trois fois plus. Ceux qui ont le mieux réussi ont inclus ce paramètre à une fréquence plus élevée que les autres.
- On s'est vraiment rendu compte que cette préparation mentale était importante. On s'en est rendu compte avec des anecdotes qu'on a vues sur les JO où certains sportifs préformaient et tout d'un coup c'était comme si le fil se cassait et le sportif n'arrivait plus à produire la performance attendue.
- Le stress qui arrive en plein match. Ta main qui tremble sur le dernier coup. Si tu l'as pas vécu avant et si tu sais pas le gérer, si ta tête n'est pas préparée, ça ne marchera pas.
Et Mathieu n'a pas fini de suer.
- Allez !
Chaque jour, il se plie à 1 h de préparation physique.
- On envoie.
Notamment pour compenser son handicap. Diagnostiqué d'un cancer à l'âge de 17 ans, Mathieu a dû sacrifier l'un de ses nerfs. Ça a entraîné une paralysie de sa cuisse droite.
- C'est bien.
- Je ne peux pas m'appuyer sur la jambe droite sauf si j'ai la garde raide. Donc ça demande à garder pas mal de stabilité et de contrôle.
- Il est toujours sur sa jambe gauche devant et il est toujours en appui dessus. Elle le stabilise, le renvoie. Il faut toujours qu'elle soit en bonne santé, il ne faut pas qu'il ait de douleur parce que cette jambe est moteur pour lui.
Autre pilier essentiel : la nutrition.
- Les boulettes avec de la semoule. L'assiette de Mathieu n'est pas spécifique, tout simplement équilibrée. Alors que conseillent les scientifiques pour les sportifs d'endurance ?
- À l'approche d'une compétition durant les 2, 3 jours qui précèdent, les sportifs vont se mettre à manger beaucoup plus de féculents qui se digèrent bien avec peu de fibres. Les choix alimentaires vont être très précis. Comparativement à des sportifs qui n'adopteraient pas la même rigueur, on a clairement observé des différences de performances sur des exercices, aussi bien à l'entraînement qu'en compétition.
- La cuisse, ça va ?
La santé de Mathieu est suivie de près par les médecins. Derrière le plaisir du jeu se cachent aussi des obligations, comme celle d'éliminer tout produit dopant.
- Il peut être contrôlé n'importe où, chez lui, dans son club, sur un site de compétition. Nous leur répétons qu'à chaque fois qu'ils vont voir un médecin ou un praticien, qu'ils vont à la pharmacie, ils doivent regarder sur le site de l'Agence française de lutte contre le dopage, si le médicament est autorisé ou pas. Préparation physique et mentale, nutrition, prévention des blessures. Avec cet entraînement au carré, Mathieu Thomas compte bien décrocher cet été l'or paralympique.