Jean-François Bach, Immunologiste, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences
-Le sida a été découvert dans les années 1980.
Cela fait plus de 30 ans que la maladie est prise en charge dans le monde entier.
Il y a eu des progrès exceptionnellement utiles.
D'abord la découverte du virus, qui était une découverte française, due à Françoise Barré-Sinoussi et à Luc Montagnier, qui a permis de mettre en place les tests de dépistage, d'éviter que les transfusions puissent faire contracter le virus aux sujets qui les recevaient.
Ça a permis également de détecter les malades de façon certaine.
Puis, il y a eu le progrès de la trithérapie, des produits chimiques, des médicaments donnés aux malades atteints du sida, qui a freiné de façon considérable l'évolution de la maladie.
Dans les années 1980, on mourait toujours du sida.
C'était une maladie fatale.
Ce n'est plus le cas aujourd'hui, où on vit avec le sida de façon très correcte, pas parfaite, bien sûr, mais quand même très correcte, avec une bonne espérance de vie.
Il y a quand même une déception.
La déception, c'est qu'on n'a pas encore trouvé le vaccin contre le sida.
On a beaucoup cherché, bien sûr, en France, dans le monde entier.
Il y a eu des essais thérapeutiques.
On a cru, à un moment, qu'on l'avait trouvé. Non.
Il n'y a pas de vaccin contre le sida et on sait que ça sera très difficile parce que le virus échappe au vaccin.
Ça le rend en quelque sorte insaisissable et on ne peut pas l'empêcher d'infecter un individu.
Il y a, néanmoins, au-delà de la trithérapie, un autre espoir, celui de la disparition progressive de la maladie dans les pays développés, ce sera plus difficile ailleurs.
Cet espoir est fondé sur le fait qu'un sujet, surtout au début de la maladie, s'il est traité par la trithérapie, par les médicaments, est beaucoup moins contagieux.
Donc on peut espérer progressivement que les contaminations diminueront.
Cette protection n'est pas parfaite.
Il faut continuer à utiliser les préservatifs car le risque est toujours là.
Mais statistiquement, globalement, le fait qu'il y ait moins de contagion chez les sujets traités devrait réduire l'épidémie et des calculs ont montré que, si on le faisait de façon systématique, on pourrait assister à une quasi disparition de la maladie.
Cela veut dire que le dépistage est important.
C'est quelque chose qu'il faut bien savoir.
Il ne faut pas hésiter à se faire dépister s'il y a le moindre doute.
Ça serait une erreur de ne pas le faire car on ne pourrait pas bénéficier d'un traitement efficace, au niveau individuel.
Au niveau collectif, ça permettrait de réduire la diffusion de l'infection.