On est en train d'installer la maison la plus déglinguée, la plus explosée de cette espèce de parc pour les enfants On a l'impression qu'elle n'est pas.... "donc tu remets des ficelles pour sécuriser c'est ça ?" Et en plus j'adore les ficelles, les ficelles, c'est vraiment la précarité, c'est l'instabilité, ça va très bien dans l'ensemble. En général on installe des câbles, mais là j'adore la ficelle parce qu'on a l'impression qu'on l'a trouvée là, on installe, et ça marche ! "Là c'est bon, c'est bon vraiment ! Là ça suffit..". On ne peut pas imaginer plus "en train de se défaire"... C'est la plus "grave" que j'ai faite, au sens second du mot grave ! Là franchement là elle est trop bien quoi ! On a l'impression qu'elle est soit soulevée par une force qui la déploie, soit en train de s'effondrer Ca n'est pas décidé c'est de l'effondrement, ou elle est soulevée par une force qui ne lui appartient pas. Elle est de plus en plus étirée, on a l'impression qu'elle gonfle, qu'elle dégonfle C'est là le type de rencontre, de violence que je travaille depuis des années parce que les maisons d'enfants et les pots d'échappement, c'est une rencontre qui date de 7 ou 8 ans, plus peut-être... Quand je travaille les pots d'échappement, j'ai l'impression qu'il s'agit d'organes à travers lesquels les gaz passent donc c'est très important pour moi. Tout en les regardant, dans leur plasticité parce que je considère qu'ils sont très beaux, presque parfois "modern style", on peut imaginer qu'il s'agit quand même de pollution, c'est pour ça que je les ai rapprochés des maisons d'enfants. Ils sont faits de plastique - maintenant je crois qu'ils ont changé la fabrication des plastiques - mais quand j'ai commencé à les travailler les plastiques étaient aussi du pétrole et étaient aussi toxiques, et j'ai gardé de cette maison des traces parce qu'il faut qu'elle reste visible comme maison d'enfants pour le caractère pseudo innocent, enfantin, un peu ridicule des motifs, et je les étire, je les brûle de façon à montrer l'événement toxique en cours comme un effet spécial de cinéma. C'est en cours, ça se défait, ça pulse, ça s'étire, et au cinéma ça disparaît ! Mais moi ça devient sculptural. Le toboggan il est manifeste dans son aspect déchiré et son aspect sculptural, il est manifeste dans ce que cet aspect là signifie, c'est du poison que l'on donne à nos enfants du poison qu'on continue à donner à nos enfants, tout en ayant cette beauté des couleurs cette soit-disant magie de la forme enfantine on projette sur les enfants des images qui ne leur appartiennent même pas et qu'ils n'ont même pas créées alors qu'ils sont tout à fait capables d'en créer. Donc je trouvais que la rencontre de deux mondes un monde aussi abouti, mécanique, que celui de la bagnole et un monde aussi idiot et pseudo magique que les accessoires pour enfants, c'était une rencontre violente. C'est pour ça que je les ai travaillés et que je les ai retravaillés ici sous d'autres aspects.