COTE D’IVOIRE - « Mes objectifs à long terme c’est de vraiment contribuer à l’élimination de cette maladie sur le plan national, sur le plan africain. C’est à dire apporter à l’humanité ce que je sais faire. » Aujourd’hui j’ai décidé de marcher dans un sentier de Bouaké pour prendre l’air. Mais impossible d’avancer, je suis assaillie par les moucherons et les moustiques. J’espère vraiment que la mouche tsé-tsé n’est pas dans le coin ! C’est elle qui transmet la maladie du sommeil, qui peut être mortelle. En tout cas, je connais un jeune chercheur ivoirien qui travaille pour l’élimination de cette maladie. On va le rencontrer à l’institut Pierre Richet de Bouaké. On y va ! Qu’est-ce qui t’a poussé à devenir chercheur scientifique ? Quand j’ai vu l’aspect de la trypanosomiase humaine africaine en tant que maladie tropicale négligée, qu’on partait vers les populations défavorisées, reculées, à qui on donnait un espoir de vivre, un espoir de santé. La trypanosomiase humaine africaine, c’est une maladie parasitaire transmise à l'homme par la piqûre de la mouche tsé-tsé, qu’on trouve dans les zones humides, marécageuses, en lisière de forêt ou encore dans les champs ou plantations. Elle transmet, lors de la piqûre, des parasites appelés trypanosomes. Ces minuscules vers se reproduisent très rapidement. Quand les trypanosomes atteignent le cerveau, le malade tombe dans le coma et peut en mourir. La bonne nouvelle c'est que si la maladie est dépistée à temps, on peut la traiter facilement. Mais il faut faire des tests, dans des coins reculés, et être sûr du résultat ! Je suis allée rencontrer le doyen de l'institut et je peux vous dire qu'à l'époque, c'était pas si évident. « Je travaille sur ce programme depuis 1984. Il fallait aller avec un groupe électrogène, avec un frigo, avec beaucoup d’appareils. » Une des tâches de Mina, ça a été de rendre ce dépistage plus rapide et plus fiable, grâce à la technologie. Il m’a montré deux tests. Pour le premier, j'ai servi de cobaye. C'est un test rapide, une prise de sang assez simple. Pour le second test, il est beaucoup plus complexe : c’est le test moléculaire ! Ce test se fait en quatre phases. D’abord, on extrait l’ADN d’un échantillon. On prépare un mélange qui sera ajouté à l’ADN pour entraîner une réaction. Ensuite les chercheurs utilisent des machines comme les thermocycleurs, qui permettent d’amplifier des séquences d’ADN. Enfin, la révélation, comme pour des photos argentiques : on fait migrer l’échantillon sur un gel d’agarose puis on le place dans un visualisateur de gel. Et on obtient des imprimés avec des bandes d’ADN ayant ou non des traces de trypanosomes. Voilà comment on peut dépister vite et bien la trypanosomiase. Ce qui est top avec l’évolution de cette technologie, c’est qu’elle est allée de pair avec la diminution des cas de cette maladie. En 2020, aucun cas n’a été enregistré en Côte d’Ivoire, contre plus de 300 en 1995. « J’ai fait des dizaines et des dizaines de villages pour dépister des malades, j’ai vu des cas, j’ai même coulé des larmes dans certains endroits, tout ça. Et maintenant qu’on parle d’élimination, où on ne trouve plus beaucoup de cas, c’est une joie pour moi, moi qui ai participé à tout ce processus-là. »
Ainsi s’achève ma petite investigation dans le monde de la recherche. Je suis toujours aussi surprise qu’une mouche aussi petite puisse faire autant de dégâts. Mon test il est négatif et je suis très rassurée de savoir que la situation est maîtrisée ! J’espère que vous aussi. En tout cas vous pouvez liker, commenter ou partager et on se retrouve très vite.
Réalisation :
Lindsay Guei
Production :
Fablab Channel, IRD, Universcience
Année de production :
2021
Accessibilité :
sous-titres anglais, sous-titres français