Dans cette rivière de la région de Seattle, 40 à 90% des saumons argentés qui remontent le courant, meurt avant d’avoir pu se reproduire. Un phénomène observé depuis 20 ans, à proximité des centres urbains, après de fortes pluies. Le ruissellement des pluies charrie quantité de polluants. Mais comment identifier précisément la molécule ou le cocktail de molécules responsables de cette hécatombe chez les saumons ? Pour résoudre l’énigme, des chercheurs de l’université de Washington ont prélevé des échantillons d’eau au moment de la mort des poissons et étudié la composition de l’eau. Des particules provenant de l’usure des pneus ont rapidement été identifiées : 11 composés dont la toxicité avait déjà été avérée ont été testés sur les saumons - des plastifiants, des antioxydants, des émulsifiants - sans que ceux-ci provoquent en laboratoire les symptômes observés en rivière. Les chercheurs se sont alors intéressés à un composé le 6PPD, un antioxydant couramment utilisé dans la fabrication des pneus. En l’analysant, ces chimistes sont parvenus à isoler pour la première fois une molécule, la 6PPD-quinone, fruit de la dégradation et de la transformation du 6PPD. En testant sur les poissons ce produit à des niveaux de concentrations identiques à ceux relevés dans la rivière, les chercheurs ont découvert que les jeunes saumons ne survivaient pas au-delà de 2 à 6 heures, manifestant les mêmes troubles que ceux observés in-situ : nage circulaire, perte d’équilibre, asphyxie. Les chercheurs ont par ailleurs trouvé trace de ce composé non seulement dans la région de Seattle mais aussi dans des rivières de San Francisco et de Los Angeles. Il est raisonnable de penser que ce 6PPD-quinone, toxique pour les saumons, est également nocif pour d’autres espèces. Cette nouvelle molécule s’ajoute aux autres particules provenant de l’usure des pneus déjà connues pour leurs effets délétères sur l’environnement et la santé. Certaines ont un impact sur la qualité de l’air avec un potentiel oxydant supérieur à celui des gaz d’échappement, d’autres constituent une part significative des micro-plastiques retrouvés dans les océans.
Réalisation :
Caroline Ando
Production :
Universcience
Année de production :
2020
Durée :
2min19
Accessibilité :
sous-titres français