AU TABLEAU !
Jacques-Marie Bardintzeff
Les volcans sont comme les êtes humains : ils sont tous pareils mais tous différents. Nous, les humains, on se ressemble tous mais on a chacun notre caractère. Eh bien, les volcans c'est pareil. D'où l'intérêt de leur étude. Ces volcans menacent de nombreuses personnes sur la Terre donc faut bien comprendre les différents types de risques volcaniques et bien poser un problème c'est déjà le résoudre à moitié.
Alors on va voir quels sont les différents types de risques volcaniques. Donc je vais dessiner un volcan classique, le magma qui vient de la profondeur, qui peut s'arrêter dans un petit réservoir et puis qui monte jusqu'à faire une éruption. Alors plusieurs façons de voir : alors souvent d'ailleurs le magma il est un peu comme nous, il est paresseux, plutôt que d'aller au sommet, il va dire s'il y a une faille latérale, une fracture, il va sortir latéralement et faire une coulée de lave. C'est le premier type d'éruption, classique, très connu. Donc 1 : les « coulées de lave » qui peuvent aller assez loin.
Deuxième cas : eh bien le magma il sort, et au lieu de sortir liquide, il est riche en gaz, il se pulvérise en bombes, en blocs qui sont éjectés. Donc c'est ce qui fait souvent, c'est une sorte de feu d'artifice volcanique, donc c'est des projections de bombes incandescentes qui vont bien sûr retomber. Mais parfois également, c'est, le magma il est fragmenté en fines cendres qui deviennent donc plutôt noires et donc c'est des nuages noirs qui montent en hauteur, jusqu'à parfois atteindre une limite bien connue qui est la limite de la stratosphère. Donc là on rentre dans la stratosphère, c'est donc la haute atmosphère et dans les régions tempérées, l'altitude, l'altitude est d'environ 12 km. Alors dès que le panache arrive dans la stratosphère, il forme un champignon et souvent, en fonction du vent dominant, eh bien il va aller plutôt d'un côté que de l'autre. Donc c'est un panache dissymétrique et bien sûr, des cendres peuvent également retomber. Donc le deuxième type, c'est ce qu'on appelle les « projections » et donc les « retombées ».
Troisième cas, lui très dangereux, encore plus brutal, c'est l'émission d'un nuage de gaz brûlant, à très haute température, 500 °C, qui déferle à très grande vitesse : 500 km/h, et en étant chargé de blocs, de bombes. Donc c'est voilà, une explosion d'un nuage qui descend à toute allure. Ce qu'on appelle une « nuée ardente ». Donc ça c'est un des risques volcanologiques majeurs car toute fuite est illusoire. Quelqu'un qui est devant, eh bien, ne pourra pas courir assez vite pour s'échapper.
Puis également, ne pas oublier que les volcans émettent régulièrement des gaz, donc on va les dessiner comme ça. Donc des gaz volcaniques, soit par le cratère, soit latéralement par des évents, des fumerolles ou même de façon plus diffuse. Donc ça ce sont les « gaz volcaniques ».
Et ces quatre types de risque, donc de 1 à 4, eh bien, ils sont immédiats, c'est le volcan qui produit de l'énergie, qui libère du matériel, donc le volcan qui peut détruire et tuer. Donc les types de 1 à 4, on va appeler ça des risques « primaires ». Ils sont immédiats, on comprend bien. C'est les plus simples, perçus par la population. Mais d'autres peuvent se produire plus loin ou après. Par exemple, eh bien les cendres qui sont retombées ici tout à l'heure ont formé une couche de cendre instable et si on est en pays tropical et qu'arrive la saison des pluies avec d'abondantes pluies de moussons, de typhons ou de cyclones, eh bien beaucoup de cendre plus beaucoup d'eau, ça fait beaucoup de boue et cette boue, ben, elle dégouline très loin, parfois jusqu'à recouvrir des maisons et on appelle ça des « coulées boueuses », on appelle ça également des « laars », c'est un terme indonésien qui est devenu international. Donc 5 : des « laars », coulées boueuses qui peuvent se produire quelques mois ou quelques années après l'éruption. Également, comme le volcan, l'édifice est régulièrement secoué, qu'il est altéré, ben parfois, une partie de l'édifice s'effondre, ça fait donc une sorte d'éboulement, des blocs qui descendent. On appelle ça souvent une « instabilité ». Donc c'est le numéro 6 : une « instabilité ». Voilà. Et puis il faut envisager que si ce volcan se situe en bord de mer, ou en bord d'océan, eh bien l'arrivée intempestive d'une nuée ardente ou d'un glissement de terrain sur la côte va créer des vagues qui peuvent prendre de l'ampleur, ce qu'on appelle un « ras-de-marée » ou un « tsunami ». Donc vous voyez bien que les risques 5, 6 et 7, eh bien ont lieu soit après l'éruption, soit loin de l'éruption. Donc ils sont moins faciles à prévoir, à comprendre, pour les volcanologues comme pour les populations menacées. Donc on va les appeler, de 5 à 7 des risques « secondaires ».
Puis enfin, il faut pas oublier des risques qu'on va appeler « tertiaires » qui sont liés directement à l'occupation humaine. Par exemple, si ici on a une ville avec des conduites de gaz qui peuvent exploser avec la chaleur des volcans, ça peut être des produits inflammables, ça peut être un barrage qui casse, une inondation. Donc plus on a des gens regroupés, des sociétés dans des grandes villes, des mégapoles, plus ils créent d'autres risques qu'on peut appeler « anthropogéniques ». Donc c'est les risques qu'on va appeler les risques « tertiaires » qui peuvent être parfois aussi importants que les risques primaires et secondaires.
Donc la volcanologie c'est d'anticiper tous ces risques pour pouvoir mettre les gens à l'abri, les évacuer à temps pour sauver le maximum de personnes.