La sonde spatiale Lucy a décollé de Cap Canaveral le 16 octobre pour un voyage qui va durer 12 ans. Son objectif est d’aller visiter pour la première fois deux groupes d’astéroïdes appelés Troyens, situés de part et d’autre de la planète Jupiter.
Bien qu’hétérogène, cette population d’astéroïdes est très ancienne. Elle date d’une époque il y a 4 milliards d’années où le jeune système solaire était peuplé de milliards de corps célestes. Alors que beaucoup ce sont agrégés pour former les planètes, d’autres ont été dispersés aux confins du système solaire et au-delà. Mais pas tous. Certains de ces objets primitifs, les Troyens, ce sont retrouvés au fil du temps bloqués sur l’orbite de Jupiter, sur les points de Lagrange L4 et L5, des points d’équilibre gravitationnel.
En s’approchant de ces reliques, la mission Lucy, du nom de la célèbre australopithèque découverte en Éthiopie, tentera donc de mieux comprendre l’évolution du système solaire à partir de ces fossiles de la formation planétaire.
Pour visiter ces régions très éloignées les unes des autres, la sonde va suivre une trajectoire complexe : après 2 orbites autour de la Terre, elle va d’abord croiser la route d’un premier astéroïde en 2025 sur lequel la sonde pourra tester ses instruments. Elle se dirigera ensuite vers le premier groupe de Troyens, celui situé en amont de Jupiter pour y observer 4 d’entre eux : Eurybate, gros fragment d’une collision gigantesque et qui est accompagné vraisemblablement d’une petite lune. Puis seront survolés à la vitesse de 6 ou 7 km par seconde, les astéroïdes Polymèle, Leucos, et Orus.
Pour rejoindre le second groupe de Troyens, à l’arrière de Jupiter, la sonde replongera vers la Terre avant de repartir pour sa destination finale : un système binaire d'astéroïdes composé de Patrocle et Ménétios, en orbite l’un et l’autre. Un système fréquent dans la ceinture de Kuiper mais très rare à l’intérieur du système solaire.
Pour étudier ces Troyens, la sonde, équipée de panneaux solaires de 6 mètres de diamètre, dispose de 3 instruments : L’Lorri une caméra noire et blanc haute résolution capable de photographier la surface très sombre de ces objets. L’Tes un spectromètre infrarouge thermique qui mesurera en différents points la température du sol, et L’Ralph un télescope équipé d’une caméra couleur et d’un spectromètre infrarouge. Les données recueillies permettront d’en apprendre beaucoup sur ces objets lointains très différents les uns des autres.
Après 12 ans de voyage et d’observation, Lucy restera sur cette orbite pour des milliers voire des millions d’années. Comme pour les sondes Voyager et Pionner, Lucy embarque à son bord une plaque gravée de citations de poètes, d’hommes politiques, de scientifiques et de musiciens, des messages destinée cette fois à être lu éventuellement par nos très très lointains descendants.