Si je pouvais définir ce qu’est la vie en tant qu’astrobiologiste, ça ferait faire un grand bond à la discipline parce que c’est l’un des grands paradoxes de l’astrobiologie : aujourd’hui, on n’a pas une définition de la vie. Il n’y a pas de consensus autour de cette définition, il y en a 123, qui sont des définitions de travail. Pour moi la vie, c’est évidemment le but de ma recherche et aussi une quête pour l’humanité : savoir d’où l’on vient et qui on est, où on se situe, je dirais, dans la galerie du vivant, de l’univers. Parce qu’avec les découvertes que l’on fait à l’heure actuelle sur le nombre de planètes, celles qui sont dans la zone habitable et simplement dans notre galaxie, ça devient mathématiquement absurde de penser qu’on est tout seuls. Et donc pour moi, c’est essayer de me dire : quelle sera la première autre forme de vie qu’on va découvrir, est-ce qu’elle se situe dans notre Système solaire, est-ce qu’on la découvrira ailleurs ? Et aussi, de dire que, eh bien, si on commence par découvrir une vie microbienne, c’est très, très important. Souvent, les gens me font cette remarque en disant : « Oui, c’est bien joli de chercher des microbes sur Mars ou sur Europa mais ce serait quand même bien plus intéressant si on avait E. T. qui débarquait et qu’on puisse commencer à avoir des discussions philosophiques sur l’univers, sur sa formation, etc. » Mais ce qu’il faut se rappeler, c’est qu’on vit dans un univers et une nature qui sont statistiques, qui sont fondés sur les statistiques. La nature fait beaucoup plus de choses petites et simples que de choses grandes et complexes. Ce qui veut dire que si l’on commence à découvrir beaucoup de vies simples, ça nous donne beaucoup plus de probabilités de trouver, enfin, une vie complexe, une civilisation avancée avec qui on pourra enfin avoir une conversation. Donc pour moi, la vie, c’est véritablement cette multitude de facettes, à la fois la recherche, à la fois une quête personnelle, mais aussi la plus grande question, la question la plus profonde de l’humanité : sommes-nous seuls ?
Réalisation :
Clément Lepape
Production :
Universcience
Année de production :
2023
Durée :
2min08
Accessibilité :
sous-titres français