Malgré maintenant plus de 25 ans de recherches, avec toutes ces technologies, ces scanners qui mesurent ce cerveau, je pense qu’on est très loin d’avoir tout compris. Et donc, c’est là où, quelque part, la science touche la spiritualité. Comme médecins, nous avons des critères cliniques de la vie et de la mort. C’est pas un sujet très sexy, mais chacun de nous va mourir, la plupart à cause d’un arrêt du cœur, des poumons et donc du cerveau. Pour certains d’entre nous, ça risque de se passer aux soins intensifs, et là, on a des machines, des technologies, qui ont en fait permis de dissocier ces trois fonctions. C’est un médecin dans les années 1950 qui, avec une nouvelle machine, le respirateur artificiel, a obligé notre société, la médecine, à redéfinir la mort. Donc je tiens ici en main un vrai cerveau, un cerveau plastiné. Ce cerveau, quand votre cerveau est mort, vous êtes mort. Et c’est très particulier de devoir expliquer à la famille que leur proche, malgré le fait qu’il y a un cœur qui bat, qu’il respire à travers cette machine et que le corps est chaud, en réalité, c’est la mort cérébrale, c’est la mort. Donc définir la vie et essayer d’utiliser ces connaissances et technologies, je pense, c’est très utile. On a fait beaucoup de progrès ces dernières décennies, avec l’équipe, je pense qu’on a beaucoup contribué à cela avec l’étude du cerveau blessé, mais aussi les études lors de l’administration d’anesthésiants ou de psychédéliques. Mais je le répète : pour le moment, personne ne peut vraiment définir et expliquer la vie. On ne peut pas la réduire à une activité cérébrale. Là, à un moment, on est juste, comme scientifiques, émerveillés et aussi confrontés à nos propres limites.