Savez-vous quel est le point commun entre ce mascara, ce sac de couchage, ces poêles, ces chaussures, et une boite de pizza ? Il tient en 4 lettres : PFAS, pour "substances perfluoroalkylées" Ce polluant ultratoxique pour la santé et l’environnement regroupe plus de 4 000 composés chimiques, massivement utilisé depuis les années 40 pour ses propriétés de résistance à la graisse, à la chaleur, ou à l’eau. Or on sait aujourd’hui qu’ils peuvent : perturber la fertilité, la réponse à la vaccination, ou même augmenter les risques cardiovasculaires ou de cancers de la prostate et des reins. Et en outre, ils sont réputés “éternels”. Pourquoi ? Leur liaison chimique est extrêmement stable et rend leur dégradation impossible, à moins d’avoir recours à des traitements lourds et coûteux comme l’incinération à très haute température. Ces PFAS tendent donc à s’accumuler dans la terre, dans l’eau de pluie, qu’ils ont rendue impropre à la consommation, ou dans notre sang. L’Agence de sécurité sanitaire a révélé qu'on trouvait la trace de deux d’entre eux chez 100% du quelque millier de Français testés en 2019. Pas étonnant puisqu’ils se cachent dans nombre de nos objets du quotidien, comme les emballages papiers, le maquillage, la peinture. Et même le papier toilette. Une étude parue dans la revue Environmental Science and Technology Letters révèle que notre papier toilette chargé en PFAS contamine les eaux usées, qui seront ensuite utilisées pour irriguer en sortant des stations d’épuration. On les retrouve du Danube Bleu, au lac Orestiada, de la rivière Bilina au bassin du Guadalquivir Le journal Le Monde, avec dix-sept autres médias européens, a cartographié pour la première fois la dissémination massive des polluants PFAS en Europe à partir de dizaines de milliers de données collectées par des équipes scientifiques ces 20 dernières années Près de 17 000 zones, dont 900 en France sont contaminées « à des niveaux qui requièrent l’attention des pouvoirs publics ». Soit au-delà de 10 nanogrammes par litre. Mais ce n’est pas tout. On compte aussi 108 sites à l’épicentre de contamination majeure, avec une concentration supérieure à 100 nanogrammes par litre, un niveau dangereux pour la santé. Une grande partie a été identifié par l’ANSES dans les années 2010, mais sans rendre leur nom public. Le Monde a pu en identifier une trentaine. La plupart vont du Rhône à la mer Méditerranée, dû à des décennies de rejets dans l’eau du groupe chimiste Arkema et de Daikin. Dans le reste de la France, on trouve par exemple une usine de pesticides dans le Gard, ou un fabriquant des mousses anti incendie dans l’Oise. L’enquête a aussi permis d’identifier près de 21 500 sites européens sans doute contaminés en raison d’une activité industrielle actuelle ou passée. La Commission européenne devrait soumettre aux Etats membres un projet d’interdiction globale de ces composés chimiques ultratoxiques d'ici 2025.
Réalisation :
Marie Brière de la Hosseraye
Production :
Universcience
Année de production :
2023
Durée :
3min18
Accessibilité :
sous-titres français