Des analyses ont montré que cette rivière était polluée. Soit. Mais peut-on déterminer ce qui a causé précisément cette pollution ?
Serait-ce plutôt les activités agricoles sur ce champ ? ces écoulements d’eaux usées ? Des aérosols ? Ou la prolifération d’une algue invasive ?
Jusqu’à présent, il était difficile de le savoir. Mais grâce à une nouvelle méthode d’analyse, il est désormais possible d’identifier la source de polluants présents dans l’eau douce. C’est ce que dévoile cette étude parue dans Science mise au point par des scientifiques de l’université de Cambridge et de l’université de Trent, au Canada.
« L'eau nous est essentielle, mais les eaux douces changent en raison d'activités humaines,
Dans notre article, nous présentons l'idée de diversité chimique et la façon dont son suivi dans l'eau peut nous permettre de comprendre pourquoi l'eau change et comment nous pouvons inverser ces changements.
Qu'est-ce que la diversité chimique ? Je vais en récolter un peu. Dans cette eau, il y a peut-être vingt mille composés chimiques différents, appelés matières organiques, qui proviennent des restes de plantes et d'animaux morts au bord de cours d'eau, mais aussi des organismes qui vivent à l'intérieur de ces cours d'eau. »
La matière organique dissoute est l'un des mélanges les plus complexes sur Terre. Elle se compose de milliers de molécules individuelles, chacune ayant ses propres propriétés.
Elles influencent de nombreux processus dans les rivières et les lacs, comme le cycle des nutriments, le stockage du carbone, l'absorption de la lumière et d’autres interactions qui déterminent le fonctionnement de l'écosystème.
L’équipe a utilisé une technique appelée spectrométrie de masse à haute résolution pour analyser les échantillons d'eau : en l'espace d'une heure, elle fournit une vue d'ensemble de toutes les molécules organiques présentes.
Au préalable, c’est l’empreinte moléculaire unique des différentes sources de pollution aux alentours qui a été cartographiée. Les scientifiques comparent ainsi la composition des molécules présentes dans l’eau analysée à celles des sources de pollution dans la région. Jusque-là, la surveillance de la qualité de l’eau se faisait en multipliant les mesures pour identifier des substances particulières, comme de l'azote ou du phosphore, mais sans possibilité d’en identifier l’origine précise.
Ainsi, avec cette nouvelle méthode, des niveaux élevés de pollution par le phosphore ont été découverts dans les eaux du lac Erié au Canada, en lien avec les activités agricoles à proximité. Cette étude pourrait permettre de mieux protéger les réserves d’eau douce ailleurs dans le monde.
Réalisation :
Marie Brière de la Hosseraye
Production :
Universcience
Année de production :
2024
Durée :
2min57
Accessibilité :
sous-titres français