Protéi, l’open-drone.
Dans une ancienne gare de la périphérie parisienne, des étudiants de l'ESPCI montent un drôle d'engin. Qu'est-ce que c'est ? Ça, c’est le bateau de César. C’est un prototype. L’idée en fait de ce bateau, c’est qu’on a un moteur ici à l’intérieur. Et ce moteur, il va contrôler à la fois la direction dans laquelle va se situer la voile et également la concavité du bateau. En fait, il va y avoir des câbles ici qui vont être reliés à une espèce de winch et le winch va tourner et on va pouvoir ainsi jouer sur la concavité du bateau. L’idée du projet c’est d’avoir une coque flexible pour permettre de tourner plus facilement, de dépenser moins d’énergie. Et après, il y aura tout le système de jeu de voiles qui sera également commandé par la télécommande, le tout étant piloté à distance, vu que c’est un drone et qu’il n'y aura personne sur le bateau. Dans le but de l’école, on doit faire un projet scientifique et on a été chapoté par César Harada qui est le créateur de cette Start Up et l’idée, c’est d’apporter nos connaissances, de travailler sur le projet, essayer de l’améliorer. César, César... Mais où est donc ce César ? Bien loin de là ... à Hong-Kong ! Le projet PROTEI est né dans le golfe du Mexique pendant la marée noire de BP Deapwater Horizon. A l’époque j’enseignais la photographie aérienne et donc j’ai eu l’occasion d’étudier la marée noire notamment les mouvements de vent, les courants de surface et les vagues. Je me suis mis à penser que, peut-être, on pourrait utiliser ces forces naturelles pour créer un nouveau type de véhicule qui puisse remonter au vent et capturer le pétrole qui descend le vent. Son projet révolutionnaire, en fait, c’est un voilier qui s’articule un peu comme un serpent, qui, en fait, ondule comme un serpent donc peut remonter les courants et remonter face au vent donc dans le sens de la nappe de pétrole, par exemple s’il s’agit d’une nappe de pétrole puisque, forcément, elle va suivre le courant et le vent, alors que n’importe quel bateau, n’importe quel voilier traditionnel ne pourrait pas le faire parce qu’il serait obligé de tirer des bords et de mettre des angles droits alors que lui, il va onduler, ce qui fait qu’il va pouvoir remonter vers la source sans perdre en traction et sans perdre en énergie aussi. L’intérêt après, c’est de faire des drones qu’on envoie en mer sur plusieurs mois par exemple et vu qu’ils dépensent peu d’énergie, ils sont assez autonomes. Mais à quoi peuvent servir de tels bateaux ? Nettoyer les catastrophes pétrolières et aller faire des mesures dans des zones où personne ne peut aller, à savoir la radioactivité, des trucs comme ça, à Fukushima, par exemple, où personne ne peut aller, mais un bateau comme ça peut y aller et rester des mois, revenir avec des mesures et du coup, consommer peu de carburant. La coque du bateau est originale, tout comme le modèle de développement du projet. Ce n’est pas un projet qui a déjà été fait et donc qu’on ré-étudie. Donc c’est vraiment quelque chose qu’on essaie d’améliorer et ça c’est vraiment intéressant. Il y a plein de chercheurs, d’étudiants comme nous qui travaillons sur le projet et après on partage tout sur Internet. C’est en open source c’est à dire que tout le monde peut y avoir accès. Il n’y a pas de brevet déposé, il n’y a rien de juridique là-dedans. Tout le monde est invité à copier la technologie, à l’améliorer, à la modifier et aussi en faire leur propre commerce donc aussi à la revendre. Si d’autres entreprises sont intéressées par la technologie, ils peuvent aussi la décupler, la commercialiser. La seule condition que l’on demande, en fait, c’est que toutes les améliorations qui sont apportées à la technologie soient partagées avec la communauté. En fait l’idée c’est que l’océan est tellement grand qu’on ne sera jamais trop de personnes pour le nettoyer. Ainsi dans le monde entier, nombreux sont ceux qui rejoignent et soutiennent ce projet. Depuis, César a créé à Hong Kong un espace collaboratif ouvert à tous pour concrétiser les idées les plus folles. Bientôt on sortira un bateau capable d’emmener deux marins : Protei atteint l’échelle humaine.