Il y a des traitements complémentaires finalement qui sont en train d'arriver autour de la chirurgie, parce que la chirurgie seule aujourd'hui ne suffit pas pour guérir d'un cancer du poumon. Il faut des traitements complémentaires. Cette année, au congrès du cancer de Chicago, une toute petite molécule a fait naître de grands espoirs face au cancer le plus mortel, le cancer du poumon. Son nom : l'Osimertinib. Elle est commercialisée par AstraZeneca sous le nom de Tagrisso, un simple comprimé à prendre chaque jour pendant 3 ans. Selon une nouvelle étude, il réduirait considérablement les risques de mourir du cancer du poumon, responsable de 35 000 décès chaque année en France. Nicolas Girard, pneumologue à l'Institut Curie, a étudié de près ce traitement. C'est une annonce qui est importante parce que l'Osimertinib réduit, dans certains cancers du poumon opérés, le risque de mourir de moitié et donc c'est effectivement un résultat qui est important en cancérologie. Alors on savait déjà que ça marchait en fait parce que, avant ces données sur la mortalité, on avait eu des données sur la récidive. Effectivement l'Osimertinib réduit de plus de 80%, le risque de récidive chez ces malades. Dans certains cas, les cancers du poumon ne sont pas forcément liés au tabac et sont plutôt liés à des anomalies dans des gènes, c'est-à-dire les mécanismes qui vont réguler les cellules pulmonaires. Et des dérèglements dans des gènes particuliers peuvent survenir pour des raisons qu'on ne connaît pas forcément, qui peuvent être influencées par la pollution ou l'ethnicité du patient, c'est plus fréquent chez les Asiatiques, on ne sait pas pourquoi. Donc dans ces situations particulières de cancer du poumon avec une anomalie d'un seul gène, une sorte d'interrupteur qui s'allume, et bien on se retrouve avec le développement de cancer du poumon qui est lié à un seul gène, à une seule anomalie dans un gène. Et cette anomalie, c'est un véritable talon d'Achille que les médicaments peuvent éteindre. Les médicaments vont éteindre cet interrupteur, l'Osimertinib fait partie de ces médicaments qui éteignent un interrupteur particulier qu'on appelle EGFR. Donc chez ces patients qui ont un cancer du poumon opéré on va donner l'Osimertinib après l'opération pour réduire le risque de récidive et donc le risque de mourir de l'évolution du cancer. En fait non, l'Osimertinib, on l'utilise dans des situations de cancer du poumon avec cette anomalie particulière de l'EGFR plus avancées quand il y a des métastases et que la maladie ne peut pas être opérée, donc on est dans une situation où l'Osimertinib est déjà disponible, remboursé en France. Ce qui est nouveau, c'est qu'on va donner ce médicament de façon préventive chez un patient qui n'a plus de cancer puisqu'on l'a opéré, on l'a retiré et pour éviter que la rechute ne survienne et effectivement c'est beaucoup plus efficace que d'attendre une récidive potentielle et de la traiter avec l'Osimertinib. Donc c'est ça qui est nouveau, c'est de dire on va donner le médicament en prévention de la récidive et ça c'est quelque chose qu'on fait dans plein d'autres cancers, notamment les cancers du sein. Après une chirurgie d'un cancer du sein, on peut dans certains cas donner un traitement comme ça, préventif de la rechute. Aujourd'hui le cancer du poumon est diagnostiqué à un stade avancé ou avec des métastases chez la plupart des malades parce qu'il n'y a pas beaucoup de symptômes, on peut tousser, on peut cracher du sang. C'est des symptômes qui sont finalement assez rares, donc le dépistage du cancer du poumon s'adresse aux personnes les plus à risque de cancer du poumon. C'est les fumeurs, en gros, de plus de 50 ans et qui ont fumé plus de 25 ans. Là, l'histoire de l'Osimertinib après la chirurgie, c'est surtout des patients qu'on cette mutation particulière et qui sont souvent des non-fumeurs. Aujourd'hui en France, il y a seulement un cancer du poumon sur 6, alors c'est déjà beaucoup, qui survient chez des personnes qui n'ont jamais fumé et aujourd'hui il n'y a pas de dépistage chez les non-fumeurs. Donc ça intéresse une fraction finalement des cancers du poumon. Le bénéfice concerne finalement une proportion des patients, ces patients qui risquent de rechuter. Donc, oui, c'est un petit groupe de malades et à la fin, oui, il y a un impact pour ces patients-là. Au global finalement, ça ne concerne qu'une petite proportion de patients opérés d'un cancer du poumon. Mais l'idée, là, c'est de transposer toutes ces innovations qui ont eu lieu dans des situations très avancées de cancer, l'Osimertinib, l'immunothérapie vers des situations justement de stade plus précoce où on pense que ces médicaments sont plus efficaces parce que la tumeur est plus petite parce que les défenses en général du patient sont meilleures, et donc on a une meilleure efficacité de ces médicaments justement chez les patients opérés ou opérables, en tout cas avec une tumeur de stade plus précoce.