C’est la plus grande flambée épidémique en Europe jamais observée. En France, au Portugal, en Espagne, au Royaume-Uni... Des cas de variole du singe émergent partout dans le monde depuis début mai.
Le sujet a beaucoup occupé les médias. Trop peut-être ? La pandémie du Covid-19 a transformé la relation de la société aux épidémies, et pour India Leclercq, chercheuse à l’institut Pasteur, c’est une bonne chose.
“Finalement, on tire les leçons du passé, ce qui est plutôt bien. C'est-à-dire que finalement on est très vite alerté quand quelque chose d'anormal se passe. S'y préparer, c'est toujours mieux que d'attendre et de regarder les choses sans rien faire. Donc, on tire un peu les leçons du passé. Et nous virologie, c'est un peu une victoire dans le sens où on se dit ‘les gens prennent enfin la mesure du risque que vont poser les maladies infectieuses émergentes dans les décennies à venir’.Maintenant, il faut rester mesuré et informer. ”
On doit cette maladie à ...
Non pas à eux. Mais probablement à des rongeurs comme les écureuils ou les gros rats d’Afrique, qui hébergent souvent le virus. S’il est appelé variole du singe, c’est parce qu’il a été pour la première fois observé chez des singes captifs au Danemark.
Et si ce virus bien mal nommé ressemble à celui de la variole sur le plan clinique, il s’agit en fait d’un virus différent, moins dangereux. Et heureusement, puisque la variole tuait 25 à 30 % des personnes qu’elle infectait.
“Et ce virus, on fait de la variole a été éradiqué à la fin des années 70, au début des années 80, grâce à la vaccination de masse. À l'heure actuelle, on ne vaccine plus contre le virus de la variole puisque le virus ne circule plus dans la population mondiale.
Or, le vaccin contre le virus de la variole protégeait dans une certaine mesure contre les autres virus de la famille des virus. Et on pense que c'est une raison, Une des raisons qui explique en fait l'augmentation du nombre de cas d'infection à virus Monkeypox, notamment en Afrique. Et quand on regarde un peu la population qui est infectée, on s'aperçoit effectivement qu'il s'agit souvent de personnes relativement jeunes, entre 20 et 40 ans, et qu'il y a très peu de cas d'infection à virus qui provoque chez les personnes de plus de 50 ans. Ces personnes de plus de 50 ans sont d'une certaine manière encore immunisés contre le virus de la variole du singe grâce à la vaccination qu'ils ont reçu dans leur jeunesse.”
Depuis plusieurs années, les chercheurs assistaient à une recrudescence du nombre de cas en Afrique, mais ce qui les a surpris, c’est l’actuelle explosion épidémique dans des régions où le virus ne circulait pas jusqu’à présent.
“Alors que les hypothèses actuelles, c'est qu'en fait ce virus, ce virus aurait circulé déjà dans la population, mais à bas bruit. Sachant que c'est une maladie auquel les médecins ne sont pas habitués et qui peut être facilement confondu soit avec la varicelle, soit avec la Syphilis.
Donc probablement finalement que cette méconnaissance de la maladie liée à un nombre de cas relativement faibles a fait que celle-ci est passée un peu sous les radars pendant un certain temps. Finalement, aujourd'hui, on a une augmentation du nombre de cas qui est sûrement due à des événements de concentration de personnes.”
La maladie infectieuse restait localisée en Afrique jusque-là, avec deux souches en circulation.
“On a environ 1 % de létalité pour ce qui concerne la souche d'Afrique de l'Ouest. Donc la létalité, c'est le nombre de personnes qui décèdent sur le nombre de personnes malades. Et pour la souche d'Afrique centrale, on aurait un taux de létalité entre huit et 10 %. “ Passer cette information en voix off ?
Et c’est la première souche, moins virulente, qui circule dans le monde actuellement.
Ce qu'il faut savoir, c'est que les cas graves liés à l'infection par cette souche sont principalement des cas survenant chez des personnes immunodéprimées ou chez des enfants mais souvent ces enfants sont soit malnutris, soit sont dans des zones qui ne leur permettent pas de bénéficier de soins adéquates et donc qu'on peut avoir des surinfections bactériennes.
Lorsque la prise en charge est bonne, la maladie reste relativement bénigne. Quant au risque de mutation du virus, il est plutôt faible.
“Ce qu'il faut garder à l'esprit, c'est que les virus sont des virus à ADN et non pas à ARN. Comme par exemple les coronavirus. Et ces virus mutent beaucoup moins que les virus à ARN”
Pour limiter l’expansion du virus, les personnes contaminées doivent se mettre en quarantaine. Et pour les cas contacts, on recommande de les vacciner, avec un vaccin vivant atténué, qui ne se réplique pas dans l’organisme, connu depuis bien longtemps.
"il est dirigé contre le virus de la variole, mais il est très efficace à hauteur de 84 % contre le virus de la variole du singe Donc alors la période d'incubation est très longue. Donc le fait de vacciner en premier en post exposition peut permettre en fait de diminuer la multiplication du virus et d'empêcher finalement le développement des symptômes Or, on sait que c'est lorsque l'on développe les symptômes que l'on est le plus contagieux.”
Les symptômes s’installent progressivement.
Fièvre, maux de tête, gonflement des ganglions lymphatiques, épuisement, mal au dos, douleurs musculaires. S'ensuit une éruption cutanée, qui débute souvent sur le visage, puis s’étend à la paume des mains, aux pieds, et aux muqueuses. Les pustules et les croutes font penser à la varicelle, et c’est seulement à la chute de ces croutes que les personnes ne sont plus contagieuses. Ce qui peut prendre plusieurs semaines, durant lesquelles il peut y avoir transmissions du virus
“Cela nécessite un contact rapproché avec la personne donc en face à face et pendant un temps relativement prolongé, et via les fluides corporels par exemple, comme la salive. On peut également se contaminer via des surfaces elles-mêmes contaminées, par exemple sur si on touche les draps d'une personne qui est infectée et contaminée. Donc il faut savoir qu'en Afrique, les cas d'épidémie à mon époque ce virus montraient qu'il y avait principalement des lésions au niveau des organes génitaux. Donc effectivement, en cas de rapports sexuels, cela peut favoriser la transmission du virus”
Mais pas de panique, le risque d’une pandémie mondiale est relativement faible.
“On pense qu'il va y avoir une augmentation du nombre de cas et que ça va finir par diminuer parce qu'on a des moyens de contrôle qui sont quand même assez puissants.”