Été 1977, la sonde Voyager 2 quitte Cap Canaveral. C'est le début d'une véritable odyssée à travers l'espace au cours de laquelle elle survolera Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Après 42 années de voyage, la sonde fait encore parler d'elle car à 18 milliards de kilomètres de la Terre, Voyager 2 a désormais atteint les confins de notre système solaire. Avec cinq publications parues le 3 novembre 2019 dans la revue "Nature Astronomy", les astronomes officialisent la nouvelle. Sept ans après Voyager 1, Voyager 2 est le second engin spatial à traverser l'héliopause. Mais au fait, qu'est-ce que l'héliopause ? Le soleil a une influence radiative, de la lumière qu'il émet, des photos et de son champ magnétique. L'influence du champ magnétique et de cette lumière façonne l'héliopause, la frontière entre le système solaire et l'extérieur. Cette frontière a une forme de comète que l'on appelle un choc terminal. C'est presque la forme d'un choc d'étrave qui se forme à l'avant d'un bateau. La sonde Voyager 2 avait plusieurs instruments à son bord pour mesurer les caractéristiques du plasma. Le plasma, c'est le gaz ionisé chaud que souffle le soleil dans cette héliosphère. Cette sonde permet de mesurer à la fois les caractéristiques du plasma, sa densité, sa température, mais aussi son champ magnétique. Il y avait un magnétomètre qui permet de mesurer l'intensité du champ magnétique à cette frontière et également un appareil pour mesurer les rayons cosmiques des particules de haute énergie. Avec Voyager, ils ont mesuré les caractéristiques du plasma à cette interface. Ils se sont rendus compte qu'ils avaient passé ce choc terminal parce qu'ils ont vu quelque chose de particulier dans la densité du plasma et son élévation d'un seul coup. On est parti d'un milieu à l'intérieur de l'héliosphère très ténu à une densité très faible et d'un seul coup, on arrive à une densité 20 fois plus grande. Et ce choc en densité ou en pression est caractéristique du passage de l'intérieur du système solaire à l'extérieur, au milieu interstellaire. On dirait que l'espace entre les étoiles et les galaxies est vide, ce n'est pas le cas. Ce milieu est composé de gaz et de poussières. Ce gaz brille dans des nébuleuses que l'on connaît tous, par exemple, la nébuleuse d'Orion. Ce milieu composé de gaz et de poussières a une gamme de densités et températures très variée. C'est difficile de donner une image du milieu interstellaire. En fait, il y a plusieurs phases du gaz, il y a du gaz très froid avec des molécules, il y a du gaz atomique, des atomes d'hydrogène. Et il y a du gaz très ionisé, des protons, des électrons. Ce gaz ionisé est essentiellement fourni par des étoiles comme notre soleil. On aura de nouvelles données qui confirmeront les mesures annoncées dans "Nature". Sinon, pour avoir des données sur ce milieu interstellaire, il faudra attendre la prochaine mission, à savoir le télescope spatial James-Webb qui permettra de faire des observations du gaz dans notre galaxie, mais aussi dans les galaxies externes, donc du milieu interstellaire, de la Voie lactée et d'autres galaxies. Mais on a des radiotélescopes et des télescopes qui observent quotidiennement le milieu interstellaire. Tous les jours, on reçoit des données sur le milieu interstellaire de radiotélescopes comme Noema dans les Alpes françaises, comme Alma au Chili et beaucoup de télescopes optiques observent aussi ce milieu. D'ici cinq à dix ans, les batteries de Voyager 2 finiront par s'éteindre. La sonde continuera son voyage silencieusement en direction de l'étoile Ross 248 de la constellation d'Andromède, une naine rouge qu'elle devrait approcher d'ici 40 000 ans.