Amiens : découverte d’une nouvelle Vénus paléolithique
Publié le - par le blob, l'extra-média
Une exceptionnelle « Vénus » gravettienne, de 23 000 ans, a été mise au jour dans le gisement préhistorique de Renancourt, à Amiens (Somme). Cette découverte couronne une remarquable série de quinze statuettes gravettiennes trouvées sur ce site, doublant ainsi le nombre de vénus de cette époque découvertes en France. Ce nombre laisse penser que le site était un atelier de production car les sculptures sont accompagnées de plusieurs milliers de fragments de craie, dont certains semblent être des déchets de fabrication. Sculptée dans la craie, haute de 4 centimètres, cette « Vénus » est stéatopyge : le volume du fessier, des cuisses et des seins est hypertrophié. Les bras sont juste esquissés, le visage représenté sans traits. Cette sculpture s’inscrit parfaitement dans un canon esthétique, la tradition stylistique gravettienne, qui compte les Vénus de Lespugue (Haute-Garonne), Willendorf (Autriche) ou celle en bas-relief de Laussel (Dordogne). Cette « Vénus » de Renancourt porte aussi une étonnante « coiffure » réalisée par de fines incisions en quadrillage, qui n’est pas sans rappeler celle de la Vénus de Willendorf mais surtout celle de la Dame à la capuche de Brassempouy (Landes).
Daté par carbone 14 de 23 000 ans (21 000 ans avant notre ère), le site où a été trouvée cette vénus est attribué à une phase récente de la culture gravettienne qui se développe en Europe entre 28 000 et 22 000 ans. Le site d’Amiens-Renancourt est aujourd’hui un des rares témoignages de la présence de l’Homme moderne (Homo sapiens) au début du Paléolithique supérieur dans le nord de la France. La diversité, l’abondance des vestiges éclairent les diverses activités pratiquées dans ce campement de chasseurs. Parmi les nombreux silex, des pointes de projectile sont destinées à la prédation (pointes de la Gravette), tandis que de grandes lames sont transformées en outils : couteaux, grattoirs, etc. La consommation de viande de cheval est attestée par de très nombreux restes osseux. Des parures sont aussi présentes, notamment de très originales rondelles perforées en craie. En pleine période glaciaire, ce campement de chasseurs gravettiens aurait été occupé quelques semaines, à la fin de la belle saison, vers l’automne.