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Jean-Francois Delfraissy au Sénat le 15 septembre 2020 © AFP/Archives Thomas Samson

La deuxième vague de l’épidémie de Covid-19 que l’Europe combat actuellement n’est sans doute pas la dernière, et l’on peut craindre « plusieurs vagues successives durant la fin de l’hiver » et au printemps prochain, juge le Conseil scientifique. « Il y a donc devant nous de nombreux mois avec une situation extrêmement difficile », prévoit l’instance chargée de conseiller le gouvernement français, dans son dernier avis. Mis en ligne ce week-end, cet avis est daté du lundi 26 octobre, deux jours avant l’annonce par Emmanuel Macron d’un reconfinement rendu nécessaire par la deuxième vague.

« Il est très difficile de prévoir combien de temps va durer la deuxième vague, car cela dépend du virus lui-même, de son environnement climatique, des mesures qui vont être prises pour limiter la circulation du virus, de leur acceptation et donc de leur impact », écrit le Conseil scientifique. « On peut faire une hypothèse d’une sortie de vague en fin d’année ou début d’année 2021. Cette sortie devrait s’accompagner d’un retour de la circulation du virus à un niveau très contrôlé (5000 à 8000 nouvelles contaminations par jour maximum) », poursuit l’instance.

En annonçant le reconfinement au moins jusqu’au 1er décembre, M. Macron a indiqué que l’objectif était de parvenir « à environ 5000 » cas de contamination par jour, contre 40 000 à 50 000 actuellement. Quel que soit le succès des mesures mises en œuvre, elles « ne suffiront probablement pas pour éviter d’autres vagues, après la deuxième », avertit le Conseil scientifique, qui recommandait le confinement finalement décidé. « On peut ainsi avoir plusieurs vagues successives durant la fin de l’hiver/printemps 2021, en fonction de différents éléments : état climatique, niveau et efficacité opérationnelle de la stratégie Tester/tracer/isoler (les cas positifs) », ajoute-t-il.

Les gouvernements seront donc confrontés à « la gestion de vagues successives de recrudescence » de l’épidémie, « jusqu’à l’arrivée des premiers vaccins et/ou traitements », peut-être au deuxième trimestre 2021. Gérer ces vagues successives peut se faire de différentes manières. D’abord, « on peut envisager une stratégie de type on/off », c’est-à-dire une alternance de périodes de restrictions (pour limiter la circulation du virus) et de périodes de relâchement.

« Est-ce possible sur le long terme ? Les Français accepteront-ils une telle stratégie, est-ce viable économiquement ? Les questions sont posées et n’ont pas de réponse à ce jour », souligne toutefois le Conseil scientifique présidé par le Pr Jean-François Delfraissy. Autre stratégie : « maintenir le virus à un taux inférieur » au seuil de 5000 contaminations par jour, avec une politique de « suppression de la circulation virale » comme l’ont fait « plusieurs pays d’Asie, le Danemark, la Finlande et l’Allemagne ». « Cette stratégie implique des mesures fortes et précoces à chaque reprise épidémique », juge le Conseil, selon qui elle est « la meilleure garante du maintien de l’activité économique ».