Bras de fer à Dubaï. Au dernier jour prévu de la COP28, les pays partisans de la sortie des énergies fossiles, dont ceux de l'Union européenne, tentent d'obtenir le maximum face au bloc mené par l'Arabie saoudite dans l'accord final négocié par les Émirats arabes unis.

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Une jeune participante de la COP28 a protesté en séance plénière, le 11 décembre 2023 à Dubaï © AFP

Comme de nombreux négociateurs craignaient, l'heure limite fixée la semaine dernière par le président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, est passée sans accord. 

Le dernier projet de texte mis sur la table lundi par Sultan Al Jaber est jugé trop faible par l'Union européenne, les Etats-Unis, les petits États insulaires et de nombreux pays sud-américains pour répondre à la crise climatique. Ce document de 21 pages laisserait en effet toute latitude aux pays signataires de l'accord de Paris pour choisir leur manière de « réduire » des énergies fossiles, sans obligation.

Il ne fixe plus aucun objectif commun de « sortie » du pétrole, du gaz et du charbon, pourtant envisagé dans les versions antérieures. « Il existe un très grand groupe de pays, voire une super-majorité, qui veulent plus d'ambition », s’exclame le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra. 

Pour le responsable pour le Pacifique de l'ONG 350.org, Joseph Sikulu, e texte est « inacceptable ». Et « bien en deçà de l'ambition nécessaire pour maintenir nos îles au-dessus de la surface des eaux », dénonce-t-il. 

Les Européens ne cessent de se parler pour se coordonner. Diplomates et ministres usés par les nuits sans sommeil cherchent à rendre le texte plus contraignant. Le nouveau projet d’accord est espéré avant la fin officiel de la COP28. Mais l'espoir de faire adopter un texte historique appelant à la sortie du pétrole, du gaz et du charbon semble désormais très improbable.

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Projections de production d'énergies fossiles au-dessus des objectifs © AFP Valentina BRESCHI, Sabrina BLANCHARD, Sylvie HUSSON

Plusieurs représentants sont prêts à rester si besoin, mais il reste à tenter de trouver une formule susceptible de satisfaire des pays aux vues divergentes. Car, en effet, une minorité de pays exportateurs d'hydrocarbures, emmenés par l'Arabie saoudite, s'oppose à toute formulation ciblant explicitement la principale source de leurs revenus. 

Dans les COP, les textes sont adoptés par « consensus ». Il n'y pas de vote, mais théoriquement, un seul État suffit à objecter un texte. 

ONG et experts dénoncent un projet en forme de « liste de courses » ou un « menu à la carte » mettant sur le même pied le développement du solaire de l'éolien, du nucléaire, de l'hydrogène ou celui des techniques de captage de carbone. Ces dernières sont plébiscitées par l'industrie fossile et les pays producteurs, Arabie saoudite en tête, mais n'auront qu'un faible impact dans la décennie cruciale en cours. 

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La centrale électrique au charbon de Jaenschwalde, dans l'est de l'Allemagne, le 22 novembre 2023 © AFP/Archives INA FASSBENDER

Les yeux sont tournés vers la Chine et les Etats-Unis, les deux premiers émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre, responsables de 41 % des émissions à eux deux. L'émissaire chinois n'a encore rien dit publiquement et le gouvernement américain appelle aussi à « substantiellement » renforcer le projet émirati. 

En novembre, les deux puissances s'étaient accordées pour éviter de parler de « sortie » des énergies fossiles. Mais ils soulignaient le rôle des énergies renouvelables pour s'y substituer progressivement. 

Des progrès sur les objectifs énergétiques sont aussi suspendus aux avancées parallèles d'autres textes négociés. Notamment, l'aide financière des pays riches aux pays en développement doit permettre qu'ils adaptent leur agriculture ou leurs villes au dérèglement climatique. Mais également de financer leur passage à l'énergie solaire et leur transition énergétique.