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Le site archéologique de l'île de Délos, le 24 mai 2024 © AFP/Archives Aris MESSINIS

 À l’horizon, le bleu insolent de la mer Égée, des îlots rocailleux éparses, des voiliers qui filent vers l’île grecque de Mykonos. 

Mais sur le rivage de la minuscule île de Délos, un drame silencieux se joue : des murs de pierres vieux de près de deux mille ans sont terrassés par les assauts de la mer dont le niveau monte inexorablement.

Dans l’archipel des Cyclades, le site archéologique de Délos, classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1990, risque la destruction en raison du réchauffement climatique.

« Délos est condamnée à disparaître dans une cinquantaine d’années », diagnostique Véronique Chankowski qui dirige l’École française d’Athènes (EFA), responsable des fouilles depuis 150 ans.

« Ce parc archéologique qui nous apporte aujourd’hui une information considérable (sur le monde antique, NDLR), nous ne le verrons peut-être plus », ajoute-t-elle lors d’un entretien à Athènes.

Le niveau de la mer dans le bassin méditerranéen a augmenté de 2,8 mm par an au cours des dernières décennies, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

En outre, en raison de la tectonique des plaques, Délos s’enfonce progressivement.

L’île, habitée aujourd’hui par une poignée d’archéologues en été et deux gardiens en hiver, est l’un des trésors du monde antique et fut une plaque tournante du commerce en Méditerranée durant l’Antiquité.

La cité cosmopolite, qui connut son apogée sous les Romains, compta jusqu’à 30 000 personnes au moins. 

Son sanctuaire dédié à Apollon, le dieu des arts et de la beauté qui serait né, comme sa sœur Artémis, à Délos, attirait des pèlerins de toute la Grèce.

Dans le théâtre antique, Athena-Christiana Loupou, une archéologue grecque qui guide des groupes à travers la maison de Cléopâtre ou la terrasse des Lions, s’inquiète. 

« Toutes les cités côtières vont perdre des parties importantes situées actuellement au niveau de la mer », assure-t-elle.

« On a remplacé les pailles en plastique par des pailles en papier mais nous avons perdu la guerre » pour protéger l’environnement, assène-t-elle, amère.

Pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts, il faut se rendre dans une partie interdite aux visiteurs, traverser des broussailles parfumées d’origan pour atteindre, les pieds dans l’eau, la zone des magasins.

Ils étaient des lieux d’échanges commerciaux et de stockage au 1er et 2e siècle avant Jésus-Christ.