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La Covid-19, qui s’est banalisée après être devenue moins dangereuse, reste un problème important de santé publique © AFP/Archives Pascal Pochard-Casabianca

Bien loin de l’effroi des premiers temps de la pandémie, qui a débuté il y a quatre ans, la Covid-19 s’est banalisée. Mais elle reste un problème important de santé publique, avec des spécificités persistantes par rapport à d’autres maladies.

L’année 2023 a marqué une nouvelle étape dans la normalisation de la Covid. Déjà sensible l’année précédente, après des années 2020-2021 dominées par une pandémie aux effets historiques, la tendance s’est accélérée. Ainsi, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne considère plus depuis mai la Covid comme une urgence internationale. Si l’OMS prend garde de répéter que la pandémie perdure, cette décision constitue un symbole considérable. L’année a aussi vu la fin du « zéro Covid ». Dernier grand pays à appliquer cette politique d’exception, qui vise à éliminer la circulation de la maladie et non seulement la limiter, la Chine y a renoncé en début d’année. 

Pourquoi cette normalisation ? D’abord parce qu’une infection à la Covid apparaît aujourd’hui beaucoup moins dangereuse qu’en 2020, quand de nombreux pays avaient décrété des confinements sans précédent face aux effets meurtriers du SARS-CoV-2, le virus à l’origine de l’épidémie. C’est la conséquence de vaccins efficaces, distribués depuis 2021, et de l’immunité acquise par les populations au fil de vagues successives d’infections au virus. La létalité, qui correspond au risque individuel de mourir après une infection, « a beaucoup baissé par rapport à l’ère pré-vaccinale », souligne auprès de l’AFP Antoine Flahault, épidémiologiste à l’université de Genève. « C’est de l’ordre d’un pour mille ou peut-être même moins », quand le risque se comptait en pourcentage au début de la pandémie, souligne-t-il. Soit un niveau comparable à une infection par le virus de la grippe saisonnière, même s’il est hasardeux de désigner précisément le plus dangereux des deux.

La Covid est donc devenue une maladie respiratoire parmi d’autres. Mais elle continue à poser, dans ce cadre, des problèmes majeurs de santé publique, parfois liés à ses particularités. Contrairement à d’autres maladies comme la grippe, la Covid connaît plusieurs vagues par an. On peut donc difficilement la qualifier de maladie hivernale, même si une flambée peut coïncider avec la saison classique des épidémies. C’est actuellement le cas : « La Covid-19 fait partie des maladies qui progressent en ce moment » dans de nombreux pays, a prévenu dimanche Maria Van Kerkhove, épidémiologiste à l’OMS. Cet essor est en partie lié à l’émergence d’un sous-variant, dit JN.1. Nouvelle déclinaison d’Omicron, version dominante du virus depuis deux ans, il n’apparaît pas particulièrement dangereux mais semble très transmissible.

C’est d’ailleurs, de manière générale, la grande particularité de la Covid par rapport à d’autres infections comme la grippe : il reste très contagieux. « Sur une année, il y a 5% à 10% de personnes qui attrapent la grippe », mais bien plus pour la Covid, avance M. Flahault, soulignant que cela fait mécaniquement bondir la mortalité au niveau de la population, même si le risque individuel est limité.

Le nombre précis de morts reste néanmoins flou, car de nombreux décès sont liés à la maladie sans lui être immédiatement attribuables. Les chiffres officiels de l’OMS évoquent quelque 7 millions de décès depuis le début de l’épidémie voici quatre ans, mais l’organisation elle-même admet que le niveau réel se compte probablement autour de 20 millions, voire plus. Au-delà de la mortalité, reste la question des séquelles durables, dites « Covid long » : fatigue, difficultés respiratoires...

La réalité de ces symptômes ne fait plus de doute aujourd’hui, de même que leur origine physiologique et non psychologique. Il reste toutefois difficile d’établir leur fréquence et si la Covid les provoque plus souvent que d’autres maladies. Les séquelles de la grippe, par exemple, « n’ont pas fait l’objet du même effet de projecteur », souligne M. Flahault. En tout état de cause, plusieurs études parues cette année sont plutôt rassurantes en démentant l’idée d’une explosion des cas de Covid long au fil du temps. Menée auprès de la population suédoise, une étude publiée en septembre dans le Journal of Infectious Diseases témoigne ainsi d’un « risque moins élevé » après une infection à Omicron, par rapport aux précédents variants.