Les chimpanzés sont ajoutés à la liste ! Jusqu'ici, la ménopause n'était connue que chez les humains et certaines espèces de cétacés. Mais selon une nouvelle étude publiée dans Science, ces primates seraient également concernés et nous offrent un nouvel éclairage sur l'évolution de la ménopause chez les femmes.

Image légendée
La ménopause existe aussi chez les femelles chimpanzés, selon une nouvelle étude © AFP/Archives Mohd RASFAN

Les chimpanzés sont étudiés dans la nature depuis bien longtemps. « On pourrait croire qu'il n'y a plus rien à apprendre d'eux mais cela nous montre que ce n'est pas si vrai », a déclaré à l'AFP Kevin Langergraber, de l'université d'État d'Arizona et co-auteur de l'étude. Parmi les mammifères, la majorité des femelles ont des petits jusqu'à la fin de leur vie. Sauf que ce n’est pas toujours le cas. Chez certains mammifères comme les humains, les femmes produisent de moins en moins d’hormones reproductives au cours du temps.

Mais la raison pour laquelle la sélection naturelle a favorisé cette évolution n'est pas évidente. Selon certains scientifiques, une explication possible est celle du rôle de la « grand-mère. » Les femelles ne pouvant plus se reproduire ont ainsi davantage de temps et d'énergie à consacrer à la survie et à la réussite de leurs petits-enfants.

Dans leur étude, les chercheurs ont examiné les taux de fertilité et de mortalité, entre 1995 et 2016, de 185 femelles chimpanzés de la communauté Ngogo dans le parc national de Kibale, en Ouganda. Ils ont ensuite calculé un indicateur pour déterminer le temps moyen de la vie adulte passé après avoir perdu une capacité reproductrice.

Résultat : les femelles chimpanzés d’Ouganda – ce n’est pas le cas pour toutes les populations de chimpanzés – vivent en moyenne 20 % de leur vie adulte après avoir cessé de pouvoir se reproduire, ont-ils constaté, soit un peu moins que chez les humains. Et ces femelles n’ont pas contracté de maladie entraînant la stérilité.

Image légendée
Chimpanzé © Pixabay

Les chercheurs proposent deux interprétations. La première serait que les animaux sauvages en captivité ont de longues vies post-reproductives, lorsqu'ils sont protégés des prédateurs et des maladies. La seconde fait l'hypothèse qu'il s'agit bien d'une population historique, non influencée par des changements provoqués par les humains.

Dans ce cas, selon Brian Wood, auteur principal de l’étude, les scientifiques doivent revoir leur théorie sur la ménopause. En effet, chez les chimpanzés, les femelles quittent la communauté au sein de laquelle elles naissent, tandis que les mâles qui restent se reproduisent avec de nombreuses partenaires. Les grand-mères maternelles sont donc absentes, et les grand-mères paternelles connaissent pas leurs descendances. L'hypothèse de la grand-mère ne s'applique donc pas.

Selon Brian Wood, la ménopause pourrait plutôt servir à réduire la concurrence entre femelles âgées et plus jeunes. Lorsqu'une femelle chimpanzé rejoint un nouveau groupe, ses liens avec lui sont faibles. Mais ils grandissent avec le temps à mesure qu'elle se reproduit et transmet ses gènes. Plus tard, cet impératif s'estompe.

Les chimpanzés pourraient ne pas être les seuls primates ménopausés. Les auteurs de l'étude souhaitent à l'avenir se pencher sur la même question chez les bonobos, qui sont, avec les chimpanzés, les espèces du règne animal les plus proches de l'humain.