Météo : l’ONU appelle à anticiper les conséquences d’El Niño
Publié le - par Le Blob, avec l'AFP
L’ONU a appelé mardi les gouvernements à anticiper les conséquences du phénomène météorologique El Niño qui vient de débuter, généralement associé à une hausse des températures mondiales, « pour sauver les vies et les moyens de subsistance ». Le phénomène El Niño se poursuivra toute l’année à une intensité qui devrait être « au moins modérée », a indiqué l’Organisation météorologique mondiale (OMM, agence spécialisée de l’ONU) qui annonce à son tour « le début de l’épisode », avec une probabilité de 90 % pour qu’il se poursuive au second semestre. Le 8 juin, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) avait déjà annoncé l’arrivée d’El Niño. L’effet à la hausse sur les températures mondiales se manifeste généralement dans l’année qui suit le développement du phénomène et sera donc probablement plus apparent en 2024.
« L’arrivée d’El Niño augmentera considérablement la probabilité de battre des records de température et de déclencher une chaleur plus extrême dans de nombreuses régions du monde et dans les océans », souligne le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, dans le bulletin de l’organisation. « L’annonce d’un épisode El Niño par l’OMM est un signal donné aux gouvernements du monde entier pour qu’ils se préparent à en limiter les effets sur notre santé, nos écosystèmes et nos économies », ajoute-t-il. À cet égard, il souligne l’importance des systèmes d’alertes précoces et des mesures d’anticipation des phénomènes météorologiques extrêmes associés à ce phénomène climatique majeur « pour sauver les vies et les moyens de subsistance ». À l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’inquiétude est également de mise. L’OMS craint notamment une augmentation des maladies liées à l’eau, comme le choléra, mais également une hausse des épidémies de maladies transmises par les moustiques, comme le paludisme et la dengue, et des cas de maladies infectieuses telles que la rougeole et la méningite, a expliqué aux journalistes la directrice chargée de la santé publique et de l’environnement, Maria Neira.
En 2018-2019, certaines régions avaient déclaré un épisode El Niño, considéré alors comme faible. Mais l’OMM n’avait pas fait cette annonce en raison d’« une absence de consensus » international, a expliqué à la presse son chef de la division des services régionaux de prévision climatique, Wilfran Moufouma Okia. Selon l’OMM, le véritable dernier épisode El Niño remonte donc à sept ans, en 2015-2016, et avait été d’intensité forte.
« Nouveau signal d’alarme »
L’épisode de 2018-2019 avait laissé place à un épisode particulièrement long de presque trois ans de La Niña, qui provoque les effets inverses et notamment une baisse des températures. El Niño se produit en moyenne tous les deux à sept ans et les épisodes durent généralement de neuf à douze mois. Il s’agit d’un phénomène climatique naturel associé au réchauffement des températures de surface de l’océan dans le centre et l’Est de l’océan Pacifique tropical. Mais l’épisode actuel « s’inscrit toutefois dans le contexte d’un climat modifié par les activités humaines », souligne l’OMM.
En perspective du phénomène El Niño, l’OMM avait prévu en mai qu’au moins l’une des cinq prochaines années, et la période de cinq ans dans son ensemble (2023-2027), seront les plus chaudes jamais enregistrées, battant le record de 2016. Il existe aussi une probabilité de 66 % que la température mondiale moyenne annuelle près de la surface dépasse temporairement de plus de 1,5 °C les niveaux préindustriels pendant au moins une année entre 2023 et 2027. « Cela ne veut pas dire que dans les cinq prochaines années, nous dépasserions le niveau de 1,5 °C spécifié dans l’Accord de Paris, car cet accord fait référence à un réchauffement à long terme sur de nombreuses années. Toutefois, il s’agit d’un nouveau signal d’alarme », s’est inquiété Chris Hewitt, responsable des services climatologiques auprès de l’OMM.
El Niño est généralement associé à une augmentation des précipitations dans certaines régions du Sud de l’Amérique latine, du Sud des Etats-Unis, dans la Corne de l’Afrique et en Asie centrale. Il peut provoquer de graves sécheresses en Australie, en Indonésie, dans certaines régions de l’Asie du Sud et en Amérique centrale. En revanche, ses eaux chaudes peuvent alimenter les ouragans dans le centre et l’Est de l’océan Pacifique, alors qu’elles peuvent freiner la formation d’ouragans dans le bassin atlantique.