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Des drapeaux indiens sont brandis au centre de l'Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO) après le lancement de la fusée non habitée Chandrayaan-3 depuis Sriharikota, dans l'Andhra Pradesh, le 14 juillet 2023 © AFP R.Satish BABU

L’Inde est parvenue samedi à faire entrer une fusée non habitée dans l’orbite de la Lune, dans l’espoir de rejoindre le club très fermé des pays ayant réussi un alunissage contrôlé, quatre ans après une tentative ratée. 

« Chandrayaan-3 est entrée dans l’orbite de la Lune », a annoncé l’Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO) sur Facebook, plus de trois semaines après son lancement, le 14 juillet, depuis Sriharikota, dans l’Etat méridional de l’Andhra Pradesh.

La mission devrait, si tout se déroule comme prévu, se poser près du pôle sud de la Lune, peu exploré, entre le 23 et le 24 août.

Jusqu’à présent, seuls la Russie, les États-Unis et la Chine ont réussi un alunissage contrôlé.

Cette nouvelle tentative du programme indien, en plein essor, intervient quatre ans après un échec cuisant, l’équipe au sol ayant perdu le contact peu avant l’arrivée sur la Lune.

Développé par l’ISRO, Chandrayaan-3 comprend un module d’atterrissage baptisé Vikram, qui signifie « vaillance » en sanskrit, et un rover, un robot mobile, baptisé Pragyan (« sagesse » en sanskrit), qui explorera la surface de la Lune. 

Chandrayaan-3 a mis beaucoup plus de temps à atteindre la Lune que les missions habitées Apollo des années 1960 et 1970, qui sont arrivées en quelques jours.

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Décollage, le 14 juillet 2023, de la fusée non habitée Chandrayaan-3 © ISRO/AFP

La fusée indienne est en effet beaucoup moins puissante que la Saturn V, la fusée du programme lunaire américain Apollo. Elle a dû effectuer cinq ou six orbites elliptiques autour de la Terre pour gagner en vitesse, avant d’être envoyée sur une trajectoire lunaire d’une durée d’un mois.

Cette mission représente un coût de 74,6 millions de dollars (66,5 millions d’euros), selon les médias. 

Selon les experts du secteur, l’Inde parvient à maintenir des coûts bas en reproduisant et en adaptant la technologie spatiale existante à ses propres fins, notamment grâce à l’abondance d’ingénieurs hautement qualifiés bien moins payés que leurs confrères étrangers.

La précédente tentative d’alunissage en 2019, qui coïncidait avec le 50e anniversaire de la première sortie sur la lune de l’Américain Neil Armstrong, avait coûté 140 millions de dollars (124 millions d’euros), soit près du double du coût de la mission actuelle.  

Depuis le lancement d’une sonde en orbite autour de la lune en 2008, le programme spatial indien s’est considérablement développé. 

En 2014, l’Inde est devenue le premier pays asiatique à mettre un satellite en orbite autour de Mars et trois ans plus tard a lancé 104 satellites en une seule mission. 

D’ici l’an prochain, le géant asiatique devrait lancer une mission habitée de trois jours en orbite autour de la Terre.

En 2019, le Premier ministre Narendra Modi avait loué l’Inde qui rejoignait le club des « superpuissances spatiales » après avoir abattu un satellite en orbite basse avec un missile, mais le pays s’était attiré des critiques en raison des quantités de « déchets spatiaux » ainsi générés. 

L’Inde s’efforce également d’augmenter sa part, qui est actuellement de 2 %, du marché spatial commercial dans le monde, grâce à des coûts bien moindres que ceux de ses concurrents.

La Chine, elle, a injecté des milliards de dollars dans ses programmes spatiaux avec l’objectif de rattraper les États-Unis et la Russie. Elle espère envoyer une mission habitée sur la Lune d’ici 2030 et ambitionne d’y construire une base.