Le maire d'Ustou (Ariège) , Alain Servat, opposé à la présence de l'ours dans les Pyrénées, a interdit ce jeudi la randonnée sur une portion du massif communal invoquant un danger pour l'homme, tandis que la préfète d'Ariège a déclenché le protocole « ours à problème » pour la zone. 

« Tous les soirs, des troupeaux subissent des attaques, on en est à 80 brebis reconnues comme prédatées. Et là, cette nuit, de minuit à 6 heures, quatre ours n’ont pas cessé d’attaquer des troupeaux sur l’estive du Col d’Escots, tout près de la cabane », a affirmé Alain Servat pour justifier son arrêté. 

« La bergère s’est trouvée en danger, les agents effaroucheurs de l’OFB (Office français de la biodiversité) ont eu beaucoup de mal à les repousser, ils n’y sont pas arrivés, d’ailleurs », a-t-il ajouté.

Invoquant une menace pour les hommes, il a interdit la randonnée dans les secteurs frontaliers avec l'Espagne qui surplombent le cirque de Cagateille, très fréquenté par les marcheurs en cette saison. 

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Image tirée d'une vidéo de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) lors de la réintroduction d'une ourse dans les Pyrénées-Atlantiques, le 5 octobre 2018 © l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (l’ONCFS)/AFP/Archives

La préfète de l'Ariège, Chantal Mauchet, a dans la foulée déclenché le protocole « ours à problème », permettant un renforcement des moyens face aux prédateurs. La préfecture a confirmé dans un communiqué que des agents de l'OFB avaient procédé dans la nuit du 15 au 16 juillet à « une opération d’effarouchement renforcé » sur l'estive concernée.

Cette opération n'a pas permis « de mettre en fuite » un groupe de quatre plantigrades, « une ourse accompagnée de deux oursons et un ours mâle subadulte » qui séjournent dans le secteur, a précisé la préfecture. 

Depuis la nuit dernière, des agents de l'OFB sont « mobilisés en urgence pour poursuivre les opérations d'effarouchement renforcé »,  puis  jusqu'à dimanche « des bergers d'appui de la Pastorale pyrénéenne (une association au service des professionnels du pastoralisme sur le massif pyrénéen) mèneront de nouvelles surveillances de nuit ».

Le groupement pastoral affecté fait partie des quatre où la préfecture a autorisé début juillet des procédures d'effarouchement renforcé, incluant selon la préfecture l'utilisation de cartouches double détonation.

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Photo publiée sur le compte Twitter de la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, le 9 juin 2020, d'un ours abattu en Ariège © Compte Twitter de la ministre de la Transition écologique/AFP/Archives Handout

C'est sur le territoire de la commune d'Ustou qu'un ours mâle de quatre ans avait été découvert tué par balles le 9 juin.

L'Etat a porté plainte, ainsi que 20 associations qui ont réclamé le remplacement de l'ours tué, conformément à la réglementation, mais l'enquête n'a jusque là pas abouti.

L'affaire a exacerbé le conflit qui oppose les défenseurs de la présence ursine aux éleveurs, depuis que l'Etat a entamé à la fin des années 90 le repeuplement des Pyrénées en ours, en respect de ses obligations européennes.

Une cinquantaine de spécimens est désormais recensée sur le massif, un nombre invoqué par l'Etat pour geler le programme de réintroduction, mais jugé insuffisant par les écologistes pour assurer la survie du peuplement.

La préfecture avait par le passé demandé à plusieurs reprises le retrait d'arrêtés pris par le maire d'Ustou interdisant de façon symbolique la divagation des ours sur le territoire communal.