Pays désertique, la Jordanie veut planter des forêts
Publié le - par LeBlob.fr, avec l’AFP
Au milieu de l’ocre et du rouge qui recouvrent son territoire désertique, la Jordanie entend mettre une touche de vert en plantant 10 millions d’arbres en dix ans, créant de nouvelles forêts et reboisant celles décimées par des incendies. « Nous n’avons pas l’intention de couvrir d’arbres tout le royaume, car chaque partie du pays a sa spécificité », explique Belal Qtishat, chef du département en charge de la protection de la nature au ministère de l’Environnement. Mais « nous voulons réhabiliter les régions qui sont aptes à l’être et les verdir ».
Sur une colline nue jouxtant la forêt de Kufranjah, dans le gouvernorat d’Ajloun, à 70 km au nord d’Amman, 150 hommes sont chargés de planter 30 000 arbres. Ce sont des fonctionnaires des ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, mais aussi des volontaires. Parmi ces derniers, Mohammed al-Ananza, 11 ans, et son père Moustafa plantent de petits caroubiers dans les trous qu’ils ont creusés. « Les arbres de notre région sont magnifiques. C’est vraiment dommage que nous en ayons perdu tant à cause des incendies, déplore Mohammed. Nous devons coopérer pour les préserver ». Le grand-père, Mahmoud al-Ananza, regarde son fils et son petit-fils s’activer : « Je suis né ici et je peux vous dire que si vous plantez des cyprès, des eucalyptus, des oliviers, des caroubiers et des chênes, ça va pousser tout seul », dit-il. Presque chaque année, les forêts jordaniennes subissent des incendies à cause des températures élevées en été, de barbecues organisés par les randonneurs ou de cigarettes jetées au sol.
« Poumon du pays »
« Le plus gros désastre, ce sont les incendies, car la coupe illégale d’arbres ne représente que 1 % des dégâts causés aux forêts », assure Mohamed Daoudia, ministre de l’Agriculture au moment où le projet de reboisement a été lancé le 11 février. En 2020, son ministère a dénombré 499 incendies dans les zones boisées et les forêts. En octobre de la même année, 50 hectares d’oliviers et d’arbres forestiers sont notamment partis en fumée à Ajloun, la grande région forestière du pays. Un an plus tôt, dans le gouvernorat de Jerash (50 km au nord d’Amman), 80 hectares avaient subi le même sort.
La campagne de reboisement a commencé à Kufranjah, qui est, selon M. Qtishat, le « poumon de la Jordanie ». L’objectif de la première étape est de planter 100 000 arbres pour créer des forêts à Karak et à Tafilah, au sud de la capitale. Il s’agit de planter des arbres locaux comme des eucalyptus, des jujubiers et des caroubiers. Selon des spécialistes jordaniens, les espèces plantées dans le cadre de cette campagne n’ont pas besoin de beaucoup d’eau, sauf pour les premiers mois. « D’ici quatre ou cinq ans vous verrez le résultat », assure M. Daoudia.
Miel et oliviers
Les forêts ne représentent que 1 % de la superficie de la Jordanie, auxquelles s’ajoutent 23 millions d’arbres fruitiers, dont la moitié sont des oliviers. « Il est vital de compenser ce qui a été perdu dans les flammes, plaide Belal Qtishat. C’est le seul moyen de lutter contre la désertification, le changement climatique et la préservation de la biodiversité ». Cette campagne de reboisement devrait aussi avoir des effets bénéfiques pour les abeilles et donc la production de miel, selon M. Daoudia. La Jordanie produit en moyenne 250 tonnes de miel chaque année.
« Le programme national de reboisement est ambitieux et réaliste, car nos pépinières produisent 2,5 millions d’arbres forestiers par an et 500 000 arbres fruitiers », assure l’ancien ministre. « Théoriquement nous pourrions donc planter dix millions d’arbres en quatre ans, mais nous nous sommes fixé dix ans pour mener à bien le projet ». Mais planter ne suffit pas, il faut aussi prévenir les incendies. La Jordanie entend donc installer des postes de surveillance, doter la défense civile de véhicules conçus pour combattre les feux de forêt, utiliser des drones, organiser des patrouilles de gardes forestiers et ouvrir des chemins.