« Des plantes pour la chimie verte » voix off : Nous nous trouvons ici à Saint-Laurent le Minier, dans un ancien site minier sur lequel on a extrait du zinc pendant cinquante ans et dont les terrains toxiques sont chargés en caldium, en plomb et en zinc. Pourtant, des plantes s’épanouissent parfaitement malgré cette terre polluée. Pourquoi et comment ces deux plantes ont-elles réussi à survivre ? Chercheur : Alors les deux plantes qui sont capables, ici, de faire de la phyto-extraction, ont vraiment des capacités extraordinaires d’extraction et de stockage du zinc dans les parties aériennes. Ce sont vraiment les deux hyper accumulateurs de zinc les plus puissants qu’on ait jamais détectés. Enthylis vulnéraria, hyper accumulateur de zinc, n’a été découvert que sur ce site. Alors Enthylis vulnéraria a le comportement, je veux dire, conventionnel classique d’une légumineuse. C’est à dire qu’elle abrite dans ses racines des bactéries, qu’on appelle des rhizobias. La particularité de ces bactéries, c’est d’absorber le diazote qu’il y a dans l’air, de le réduire en ammonium, c’est à dire tout simplement en engrais. Donc, elle apporte un engrais sous forme de composés azotés dans le sol qui en est vraiment dépourvu. Ce qui va permettre d’apporter des nutriments à l’autre plante hyper accumulatrice de zinc : la Brassicacée. Selon les études de l’Adème, il faudrait 50 ans de phyto-extraction pour être capable de dépolluer correctement et proprement ce site. La durée de 50 ans pour dépolluer le site peut paraître longue, mais c’est quand même une opportunité pour être capable de développer une activité industrielle. Il y a donc une dimension économique qui pourra nous aider à revégétaliser, à dépolluer le site jusqu’au bout, jusqu’à son terme. L’effet espéré à court terme, c’est un effet de re-végétalisation qui va servir de couvert végétal et limiter l’érosion éolienne des particules métalliques vers les habitations proches. Le projet, qui est développé depuis quelques années, consiste à valoriser la biomasse, que l’on développe sur des sites miniers à des fins de restauration, à travers un nouveau domaine de la chimie qu’on a baptisé l’écocatalyse. Le principe de ce type particulier de catalyse est de transformer les éléments métalliques qui sont dans les plantes pour en faire de nouveaux outils chimiques indispensables à la synthèse organique. Un catalyseur est un facilitateur de réaction, une entité moléculaire qui va permettre à des molécules simples de réagir ensemble pour construire une molécule plus complexe. Si le catalyseur n’était pas là, la réaction serait soit impossible soit infiniment lente. voix off : Ces catalyseurs issus de la phytoextraction sont plus efficaces et plus sélectifs que ceux de l’industrie chimique classique. Ce sont prés de 3500 molécules qu’il est envisageable de synthétiser à partir de ces catalyseurs naturels. Chercheur : L’écocatalyse est un tout nouveau domaine de la chimie. C’est vraiment une nouvelle branche de la chimie verte qui naît sur les sites miniers et qui trouve aujourd’hui de nouvelles applications dans le domaine d’une chimie durable et totalement éco-responsable. Tout d’abord, la chimie de synthèse, y compris la chimie industrielle, l’agrochimie, la chimie pharmaceutique, le domaine des colorants, par exemple, des polymères, beaucoup de polymères sont en voie de développement, l’accès à des matières premières renouvelables qui vont remplacer les ressources fossiles, donc finalement toute la chimie de synthèse. Une exemple de domaine où la chimie verte est très attendu, je dirais que c’est le domaine des cosmétiques et ceci à différents titres. Tout d’abord, tout le monde a l’envie d’un retour à la naturalité, à la production de produits bio voir de produits naturels qui n’ont aucune toxicité, mais donc la préparation n’en aura pas non plus. Je voulais démontrer, à travers ce projet d’écocatalyse, que la biomasse générée par la restauration des sites miniers n’était pas un déchet indésirable contaminé comme certains le supposent. Mais, bien au contraire, quelque chose qui pouvait être extrêmement précieux en chimie, en catalyse chimique en particulier, à un moment où l’Europe voit les ressources minérales s’épuiser. C’est une révolution de pensée, mais c’est également une révolution industrielle puisqu’un certain nombre de groupes de l’industrie chimique ont montré leur intérêt pour ce projet, tel que, par exemple, Chimex qui développe un certain nombre de nos catalyseurs totalement bio-sourcés. La chimie verte fait clairement l’enjeu de la transition énergétique, qui plus est précisément écologique. Il s’agit maintenant d’une réalité concrète qui est source d’innovation et qui est en train de s’imposer progressivement dans le domaine de l’industrie chimique. Donc, c’est créateur d’activités. C’est créateur d’emplois. Ca fait également parti d’un nouveau type d’économie : l’économie verte. voix off : Le potentiel des sols pollués dans le monde est énorme. En Europe, il est estimé à 2,5 millions de sites contaminés. L’écocatalyse est donc une solution innovante qui permet de recycler des ressources minérales non-renouvelables et de développer des procédés chimiques sans impact sur l’environnement.