Avez-vous déjà réussi à remplir un verre d’eau au-dessus de son maximum ? C’est possible grâce au ménisque. C’est la forme que prend l’eau lorsqu’elle adhère à une paroi. C’est tout petit, et le prendre en photographie ne sera pas facile.
Car souvenez-vous qu'en macrophotographie la profondeur de champ peut mesurer moins d’un seul millimètre. Et pour prendre la forme complexe du ménisque, il va falloir ruser.
J’aligne le fond coloré, je place un diffuseur entre le flash et le verre, et je vais prendre avec cette télécommande la photo du premier millimètre. Ensuite, je vais décaler la mise au point un millimètre plus loin pour faire la deuxième photo.
Je vais donc faire plus de trente photos. Pour régler avec précision la mise au point, mon appareil sera piloté par mon ordinateur. Et progressivement nous balayons l’ensemble du verre.
Ensuite il ne reste plus qu’à recomposer par ordinateur l’image complète. Cela se fait informatiquement avec des logiciels qui sélectionnent automatiquement les zones nettes d’une image.
Je n’ai pas touché une seule fois mon appareil photo pour être sûr que chaque cliché se superpose parfaitement. Ensuite, je prends une ultime photo qui, une fois n’est pas coutume, sera suffisamment lente pour montrer cette goutte floue et suggérer son mouvement. Ainsi, nous voyons la goutte qui fera déborder le vase.
Et alors ?
C’est comme si les critères de science, mesurabilité et répétabilité, ne suffisaient pas ! Songez à la pomme de Newton, qui tombant de l’arbre est attirée par la masse de la Terre. L’interaction gravitationnelle est mesurable, répétable, mais n’est pas expliquée. Elle garde donc un caractère magique ! Ici des milliers de gouttes ont rempli le verre, prouvant à chaque fois qu’elles étaient sans effet sur l’extérieur. Et si l’on n’a pas compris que le verre avait un volume fini, cette dernière goutte provoquera un cataclysme imprévisible. Comme quoi, on peut être comme toutes les gouttes précédentes et pourtant tout changer. Il n’appartient qu’à vous de choisir votre destinée.
Et vous, qu’imaginez-vous ?