« Au cœur de la cellule » Voix off : Il existe, dans le sang, de multiples micro-organismes de l’ordre du nanomètre produits par le corps humain ou intrusifs comme les virus. Leur extrême petite taille leur permet de franchir des barrières biologiques et d’agir au cœur des cellules. Ne pourrait-on pas les copier afin de créer des médicaments plus efficaces ? Chercheur : On s’est intéressé à des mécanismes du vivant et donc de la nature car ce sont peut être les mieux à même d’aller exercer des fonctions biologiques, et donc on a copié deux entités de la nature. La première entité, ce sont les lipoprotéines que l’on a copiées en terme de nature et de structure. Lipoprotéines qui sont des transporteurs de cholestérol dans le sang en vue d’un stockage ou d’une élimination. Ce que l’on a copié de cet objet, c’est essentiellement la structure, donc qui reprend un cœur de triglycérides et une couronne de surfactant. Deuxième élément : on a copié des virus. Les virus véhiculent des acides nucléiques, qui soient ADN ou qu’il s’agisse d’ARN, de façon à infecter nos cellules et donner cette fois le patrimoine génétique du virus qui est un patrimoine infectieux et qui rend malade. Ce qu’on a copié du virus, cette fois, ce sont les systèmes de reconnaissance présents à sa surface. Dans l’enveloppe virale, on a notamment des bras de reconnaissance qui permettent de reconnaître des cellules ou même d’aller transporter des éléments du vivant. Donc, on a pris des fragments de ces bras de façon à avoir des propriétés similaires à celles du virus. Voix off : En copiant les propriétés de ces deux éléments, les chercheurs ont mis au point des nanoparticules de troisième génération, appelées nanocapsules lipidiques, qui sont des transporteurs de très petites tailles. Chercheur : En terme de taille, on est sur des objets qui ressemblent à des lipoprotéines ou des virus, de l’ordre de 20 à 100 nanomètres, et en terme de nature et de structure, on ressemble à ces objets pour véhiculer des médicaments, mais cette fois on est sur des véhicules synthétiques. Ces objets sont donc extrêmement dynamiques et vont, du fait de cette petite taille, avoir des propriétés de franchissement de barrières qu’il s’agisse de barrières tissulaires, de barrières cellulaires ou même subcellulaires. Le vecteur, le véhicule de médicament, va transporter ce médicament tout au long de ce parcours jusqu’à atteindre la cible et donc traiter la patient. Notre axe de recherche concerne le développement et l’application de nanovecteurs du médicament dans le cadre des cancers, alors plus particulièrement les cancers cérébraux. Ces nanovecteurs de troisième génération sont capables de transporter des molécules chimiques, également des molécules de radiopharmaceutique, des émetteurs de radioactivité, des molécules radioactives, et sont également capables de transporter des molécules biologiques thérapeutiques, qu’il s’agisse d’acides nucléiques, donc ADN, ARN, ou également des protéines ou des peptides. Les applications que l’on peut envisager avec ces particules, bien évidemment c’est, dans le cancer, d’aller traiter des cellules pour les éliminer. Donc, soit restaurer des mécanismes déficients, soit éliminer, par des systèmes tueurs, ces cellules néfastes sans atteindre le reste de l’organisme de façon à ne pas avoir d’effets toxiques. Les bénéfices attendus par le patient, c’est d’une part la réduction des doses, et d’autre part la réduction de la toxicité et une élimination naturelle. L’idée de ces nanomédecines, c’est effectivement d’aller vers une application clinique dédiée. Même si le processus a pris du temps, là, on est à l’aube de voir l’application émerger. Voix off : Grâce à ces nanovecteurs innovants, plus proches de la nature, nous pourrons soigner demain au cœur de la cellule en limitant les effets secondaires. Ce qui est une grande avancée pour le confort du patient.
Réalisation :
Pascal Moret , Jean-Philippe Camborde
Production :
La Belle Société - Universcience - CNRS Images - Inserm - France Télévisions - MNHN - A way to wake up - Ceebios - Ville de Senlis - Biomimicry Europa
Année de production :
2016
Durée :
4min38
Accessibilité :
sous-titres français