Dans la famille des micro-organismes, celui-là, il vaut le détour. Le Prochlorococcus, c’est une cyanobactérie, un micro-organisme marin qui fait de la photosynthèse. Avec de la lumière, il convertit le CO2 en sucre, tout en produisant de l'oxygène. Comme les forêts, mais version aquatique. Il occupe 75% de la surface des océans, mais est surtout présent en eaux tropicales, où à lui seul, Il produit la moitié de la nourriture des petits poissons, des gros poissons, puis des baleines… En gros, il est à la base de la chaine alimentaire océanique, et participe en grande partie au stockage du CO2 dans l’océan et à la production d'oxygène sur Terre. Pour comprendre ces mimimoys, une équipe de recherche parcourt les mers depuis une dizaine d’année, à l’aide d’un outil créé spécialement pour l’occasion : le SeaFlow. - Un SeaFlow, c'est un instrument qu'on a développé à l'Université de Washington, qui envoie un laser dans l'eau. Quand le laser rencontre une cellule, il peut mesurer sa taille et la composition de la cellule. Et on a fait ça pendant 100 campagnes océanographiques. Si on accumule toutes les campagnes océano bout à bout, ça représente à peu près 6 voyages autour du monde. Grâce à ces expéditions, ils ont pu analyser environ 800 milliards de Prochlorococcus. Et à partir de ces données, ils ont étudié entre autres leur adaptation à la hausse des températures océaniques. Vu qu’il vit principalement en eaux tropicales, jusqu’à présent, on pensait qu’il aimait l’eau chaude. Le problème, c’est que finalement, le réchauffement des océans, ça va pas lui plaire. L'équipe de chercheurs a montré qu’au-dessus de 28°, leur croissance chute drastiquement. Ce qui implique une diminution de -17% à -51% de la population de ces cyanobactéries. - Quand il fait très chaud, la photosynthèse fonctionne à plein régime. Mais la photosynthèse produit aussi des molécules qui sont toxiques pour les cellules. Pour la majorité des phytoplanctons, ce n'est pas un problème, elles ont un système de nettoyage. Mais Prochlorococcus, c'est un peu une exception. Ce sont des cellules qui ont évolué pendant des millions d'années pour devenir très minimalistes. Elles ont éliminé tous les outils dont elles n'avaient pas besoin. Donc là, elles se retrouvent confrontées à un problème : il fait très chaud, la photosynthèse fonctionne énormément, produit beaucoup de produits toxiques, mais elles n'ont pas les outils pour les nettoyer. Ce sont des hypothèses, les étapes prochaines seront d'essayer de comprendre au niveau moléculaire ce qui se passe. Alors ça ne veut pas dire que les poissons ne pourront plus se nourrir d’ici 2100, mais plutôt qu’il va y avoir un rééquilibrage au niveau de l’écosystème. - Prochlorococcus va être remplacé par d'autres cellules phytoplanctoniques, mais ces cellules phytoplanctoniques ne pas les mêmes, elles ne pas aussi petites que les cellules de Prochlorococcus, elles sont plus grandes, elles ont besoin de plus de nourriture pour survivre et elles n'ont aussi pas les mêmes interactions avec les autres microbes, avec les autres poissons, avec les autres herbivores. La prochaine étape sera de comprendre ce qu'il se passe à l'intérieur de cette cyanobactérie lors du passage de ce seuil à 28°C. Et d'étendre les observations à d'autres océans comme prochainement l'océan indien.