Episode 7 - La Lumière pour augmenter la réalité
Etienne Klein
Nous rêvons tous, n'est-ce pas, de faire des photos sans appareil, comme ça, avec seulement nos mains… Et d'avoir toutes les informations sur tout, chaque fois qu'on le souhaite. C'est vers ce but que tendent les technologies dites de "réalité augmentée".
Le point commun entre ces technologies tient sur seulement 5 millimètres : il s'agit d'un écran minuscule qui est aussi un projecteur visant directement le fond de notre œil.
Ces micro-écrans comportent les pixels les plus fins du monde.
Eric Marcellin-Dibon
Nous fabriquons des écrans miniatures Oled pour des applications proches de l'œil, c'est-à-dire qu'on les trouve dans les viseurs d'appareils photos, dans les viseurs de caméras professionnelles, mais aussi dans des lunettes de visée… ou des lunettes de réalité augmentée, pour les applications médicales ou pour les architectes, par exemple pour voir un bâtiment en réalité augmentée...
Par rapport au cinéma que tout le monde connaît où on projette une grande image dans une salle noire à partir d'une petite diapositive, nous en fait on va partir d'un écran minuscule et on projette une image virtuelle sur votre regard. Vous pourrez bénéficier de cette image en plein jour suivant toutes vos applications.
Etienne Klein
Ces recherches qui visent une réalité augmentée réclament des écrans ayantune très forte densité de pixels…
Emilie Viasnoff
La technologie la plus prometteuse pour ces micro-écrans est sans doute la technologie O-LED, O-LED pour "Organic Light-Emitting Diode". “Organic” fait référence à des composés spécifiques carbonés qui ont la propriété d'émettre de la lumière lorsqu'on fait passer un courant électrique. Avec la technologie OLED, c'est chaque pixel de l'écran qui va émettre lui-même sa propre lumière.
Eric Marcellin-Dibon
On fabrique nos écrans sur une base de silicium dans laquelle on intègre toute l'intelligence de l'écran, c'est-à-dire la façon dont on adresse chaque pixel individuel. Il y a quand même 7 millions de pixels au centimètre carré sur ces écrans, donc c'est une densité d'informations très importante.
Par-dessus cette galette de silicium, on rajoute des couches minces qui vont constituer l'empilement Oled, donc de couches organiques.
Par-dessus cette couche blanche, sont déposés au niveau de chaque pixel des filtres colorés rouge, vert, bleu, qui vont permettre d'obtenir un écran couleur.
Emilie Viasnoff
Un film organique, qui est 1000 fois moins épais qu’un cheveu, est donc pris en sandwich entre deux autres films qui constituent les électrodes. Lorsqu'on fait passer un courant électrique entre ces deux électrodes, le composé organique s'illumine.
Eric Marcellin-Dibon
On injecte des électrons qui vont faire émettre des photons, et c'est comme ça que la lumière est créée…
Etienne Klein
Dans ce petit sandwich de quelques microns d'épaisseur, il y a donc en bas des électrons qui se dirigent vers le haut, et qui, en traversant cette couche organique de silicium, émettent des photons, c'est-à-dire de la lumière.
Emilie Viasnoff
Fabriquer ces petits écrans est un véritable challenge technologique. Chaque pixel faisant 5 micromètres de côté et l’épaisseur des couches OLED déposées faisant une centaine de nanomètres, il nous a fallu éliminer toute poussière, d'où un procédé qui se passe impérativement en salle blanche.
Le second obstacle que nous avons dû surmonter est lié au fait que chaque pixel est très proche des pixels voisins. Il faut donc les isoler électriquement et optiquement grâce à des matériaux spécifiques.
Cette technologie a donc l'avantage de pouvoir réaliser des écrans par rapport aux écrans LCD, qui sont plus brillants, plus contrastés, mais aussi plus fins et plus légers, tout en consommant beaucoup moins d'énergie.
Eric Marcellin-Dibon
C'est-à-dire qu'on arrive à convertir avec une très bonne efficacité les électrons en photons.
Emilie Viasnoff
Il faut en effet que l’image produite par ces micro-écrans soit visible dans un environnement de plein soleil. C’est pourquoi nous travaillons à les rendre de plus en plus lumineux. Idéalement, chaque électron injecté devrait pouvoir produire un photon.
Etienne Klein
Un grain de lumière pour chaque électron… on atteindrait là le nec plus ultra de cette technologie.
D'ici quelques années peut-être, les "lunettes de réalité augmentée" seront remplacées par des lentilles qui enverront les images directement au cerveau…
Si vous me croisez dans la rue, vous aurez alors toutes sortes d'informations sur moi…
Stop !
Vous en savez déjà trop ! Ces technologies à réalité augmentée peuvent porter atteinte à notre vie privée….
De plus, elles pourraient aggraver le problème de la fracture numérique. Plus ces nouvelles technologies s'installeront, et plus seront marginalisés ceux qui n'en disposeront pas !