Bonjour, je vais vous faire découvrir tous ces animaux disparus qui ont foulé notre terre ou peuplé nos océans, ainsi que les scientifiques qui les ont retrouvés et essaient de savoir à quoi ils ressemblaient et pourquoi ils ont disparus. Aujourd’hui, notre guide vers le passé c’est lui, Régis Debruyne. Il est biologiste et généticien. Il est au muséum National d’histoire naturelle à Paris à côté du squelette d’un mammouth méridional retrouvé près de Nîmes. Ce mammouth vivait il y a environ 2 millions d’années en Europe. Il pesait le double de l’éléphant actuel et pouvaient atteindre les 7 mètres. Il vivait dans un environnement de forêts tempérées, et il se nourrissait, comme les éléphants modernes. Son régime alimentaire principal, c’était de se nourrir avec les les fruits et les feuilles de la forêt. J’imagine que les défenses des mammouths devaient leur servir à tenir les prédateurs à l’écart. Certaines atteignent les 4 mètres. Elles sont très recourbées ou font presque un cercle complet. Les défenses, ce sont des dents, des incisives chez les mammouths et les éléphants. Elles servent avant tout dans les affrontements rituels entre les mâles pour prendre les femelles et puis aussi pour impressionner. Au cours des deux derniers millions d’années, il y a eu un refroidissement, une aridification en Europe, qui a conduit à la disparition progressive des forêts pour laisser la place à de grandes steppes froides. Eh bien, ce mammouth, il n’était pas du tout adapté à la survie dans ce milieu de steppes froides. Et il a été remplacé par un de ses cousins qui lui est venu de Sibérie et qui était beaucoup plus efficace pour se nourrir dans la steppe à partir de ce qui y poussait, à savoir de l’herbe. Ce mammouth a une toison qui a l’air bien épaisse, comme un manteau de laine. Lui servait-elle pour se protéger du froid ? La toison du mammouth, ce n’est pas une simple couche de poils comme nos cheveux. Il y a d’abord une sous-couche de petits poils bouclés qui sert en fait vraiment de tampon. Puis, il y a le poil principal qui va faire une vingtaine de centimètres de long. Et au-dessus de ce poil principal, il y a encore les jarres, de très longs poils qui pouvaient atteindre à peu près un mètre de long. Et c’est cette structure en trois couches qui permet de bien résister aux variations de température et de supporter le froid. Les mammouths ont vécu en Europe pendant l’âge de glace. Les températures étaient vraiment froides. Alors comment faire pour respirer l’air à -30 ou -40° Celsius ? Alors, pour ne pas trop refroidir ses poumons, le mammouth avait aussi développé une stratégie assez maline. En fait, il stockait une partie de l’air qu’il inhalait au niveau d’une petite poche à l’arrière du nez. Et cette poche permettait à l’air de se réchauffer, de devenir aussi un peu plus humide, avant d’être envoyé vers les poumons. Et là de mieux re-larguer l’oxygène que contient cet air. Les derniers mammouths se sont éteints il y a moins de 10.000 ans. Les populations humaines, à cette époque, les ont forcément croisés eux ou leur cousin les mastodontes. L’homme a pu chasser le mammouth. Alors, est-ce que c’était une chasse néanmoins pour se nourrir, ça on peut en douter. On peut sans doute penser que c’était peut-être plus une chasse rituelle. Régis a effectué des missions sur des îles reculées de Sibérie, près du pôle Nord. Il a ramené des morceaux congelés de ces derniers mammouths laineux qui se sont éteints il y a environ 4.000 ans. Donc ça c’est une défense de mammouth, de l’île de Wranguel l’endroit où les mammouths sont les plus récents connus au monde. Il a pu extraire de l’ADN de ces restes et les analyser. Il a ainsi pu établir que ces derniers mammouths avaient une faible diversité génétique. Alors, pour toutes les espèces, c’est important d’avoir une grande diversité génétique. C’est juste beaucoup plus compliqué pour les grands animaux de la maintenir cette diversité génétique. Pourquoi ? Parce qu’il faut beaucoup d’individus qui vont pouvoir produire la génération suivante. Si la diversité génétique devient trop faible dans une espèce biologique, quelle qu’elle soit, on est certain que cette espèce est condamnée à s’éteindre parce qu’elle sera devenue extrêmement sensible aux maladies, à différents microbes, à des risques qui auraient pu être évités si la diversité génétique avait été plus importante. Alors peut-on imaginer un jour recréer un mammouth à partir de son ADN comme on le voit au cinéma ? Ça fait à peu près 20 ans qu’on nous dit qu’on va recréer un mammouth à partir du clonage d’une de ses cellules. Cette théorie, elle a du plomb dans l’aile. Pourquoi ? Parce qu’on n’a jamais retrouvé à ce jour et il y a aucune chance, a priori, qu’on retrouve une cellule de mammouth en état d’être clonée. C’est-à-dire, une cellule encore vivante ou presque.
Réalisation :
Eric Ellena , Paul-Aurélien Combre
Production :
French Connection Films, France Télévisions, Les Productions Megafun, CNRS Images, en association avec Universcience
Année de production :
2018
Durée :
4min41
Accessibilité :
sous-titres français