Voici la première image de vous dans le ventre de votre maman. Vos parents vous voient en avant-première grâce aux ultrasons. Une technologie qui a bien évolué, testée aujourd'hui par toujours plus de spécialités médicales. Elle permet d'observer de façon très précise le cerveau de bébés prématurés. Et plus étonnant encore, ils pourraient à l'avenir nous soigner de la dépression. À l’Hôpital Saint-Anne de Paris, David Attali teste cette machine d'un nouveau genre. - Installez-vous bien confortablement. L'idée : soigner ces patients atteints de dépression sévère grâce aux ultrasons. - On va venir la positionner sur le front. Les ultrasons sont des ondes sonores qu'on ne peut pas entendre, émises par cette sonde qu'on appelle un transducteur. Les ondes vont d'abord traverser la lentille puis le crâne de la patiente, pour aller se concentrer dans le cerveau sur la région prédéfinie à l'avance pour cette patiente. Cette région, c'est la cingulaire subcaleuse. Elle est située au croisement de plusieurs zones du cerveau, impliquées dans la dépression. - On le voit sur cette image, cette petite région va voir se croiser toutes ces fibres de matière blanche et donc on a concentré l'énergie des ultrasons au croisement de ces faisceaux avec une précision millimétrique. Une zone qui n'était atteignable jusqu'à présent que par la chirurgie. Dans une étude de faisabilité publiée dans la revue "Brain Stimulation", l'équipe s'est concentrée sur 5 patients pour qui les médicaments ne font plus effet. Chacun a bénéficié de 5 courtes séances par jour pendant 5 jours. Et les premiers résultats sont plutôt encourageants. - Sur ces cinq patients, il y a une diminution moyenne de l'intensité de la dépression de 60 %, le vendredi soir, au 5e jour de traitement. On est très prudents sur ces résultats, car on n'a 5 que patients. Il n'y a pas de groupe placebo. Le seule façon de prouver l'efficacité de cette approche, c'était de faire des études de grande ampleur avec un groupe placebo pour comparer les deux approches. Une nouvelle étude a débuté et inclura une centaine de patients. La technologie pourrait s'avérer très utile, car une personne sur cinq souffrira d'une dépression au cours de sa vie. Mais pourquoi la psychiatrie s'intéresse-t-elle seulement maintenant aux ultrasons ? La réponse se trouve ici, dans ce laboratoire intitulé "Physique pour la médecine". Depuis 25 ans, des chercheurs développent les technologies à ultrasons. Pendant longtemps, ils se sont heurtés à un problème, le crâne, vu comme un obstacle. D'apparence, c'est une surface lisse. En réalité, elle est composée de nombreuses irrégularités. - Le problème, à la base, c'est que quand les ultrasons se propagent à travers le crâne, ils sont déformés. Si on ne corrige pas l'effet du crâne, il va dévier les ultrasons et donc on va modifier l'activité, non pas à l'endroit que l'on cherche à traiter mais à un endroit légèrement à côté, quelques millimètres à côté complètement indépendamment de notre volonté, simplement du fait de la présence du crâne. Mais les chercheurs ont eu une idée. Créer cette lentille personnalisée pour chaque patient selon sa morphologie. On voit qu'il y a ici des différences d'épaisseur, certaines plus importantes que d'autres à la surface, y compris des décalages qui seraient de l'ordre de 0,2 mm, qui doivent être corrigés par la lentille. Une fois conçue, chaque lentille est testée sur ce banc de calibration. Il mesure la pression acoustique. - On peut positionner un crâne sec devant pour simuler le crâne d'un patient. Et on peut avoir un hydrophone qui vient mesurer vraiment la pression acoustique que l'on peut déplacer et qui vient cartographier la répartition de pression. Ça nous permet de vérifier que les ultrasons sont bien focalisés au bon endroit et avec la bonne intensité. Si les résultats cliniques sont concluants, il faudra trouver une solution pour développer ces lentilles à grande échelle. Mais au-delà de soigner, les technologies ultrasons sont de plus en plus perfectionnées pour leur fonction première : diagnostiquer. Dans les années 50, voici l'échographe. On a souvent l'image de cette machine permettant de visualiser le fœtus. En réalité, l'échographe s'est largement répandu, pour diagnostiquer d'éventuels problèmes au cœur, à la prostate, au niveau des seins ou encore du cerveau. À l'hôpital Robert-Debré de Paris, une étude vient tout juste de débuter sur des nouveau-nés prématurés. La nouveauté, c'est ce mini-échographe accroché sur le crâne du bébé. À l'écran, on observe une image très précise avec ici, les vaisseaux sanguins du cerveau. - Dans un échographe classique, on va construire 50 à 100 images par seconde. L'échographe sonde quasiment point par point ou région par région l'image qu'il est en train de faire. Alors que cet échographe particulier construit une image du milieu en entier, en une fois. Il va faire 10 000 images par seconde. Donc ça, c'est un facteur 100 à plusieurs centaines. Ça permet de capturer beaucoup plus d'informations sur ce qui se passe dans le milieu observé. Un moyen pour les équipes de détecter plus rapidement d'éventuels troubles du développement. Ils sont souvent connus seulement au bout de quelques mois. - Ces bébés extrêmement fragiles ont une IRM cérébrale qui est faite généralement au terme corrigé, à 39-40 semaines, soit à 2-3 mois d'âge postnatal. Et donc ça va être fait aussi beaucoup plus tôt. On peut voir des lésions beaucoup plus tôt, et ça évite aussi de transporter l'enfant dans l'IRM, ce qui est beaucoup plus inconfortable. L'appareil doit encore être approuvé sur un échantillon plus large. Pour cela, une soixantaine de bébés vont être suivis jusqu'à leurs 3 ans.