Est-ce que vous aimez les pesticides? Non, bien sûr. Mais est ce qu'on peut s'en passer? Réponse dans le Béarn avec M2i. Alors M2i, c'est une entreprise française et on fait des phéromones. Des phéromones ? C'est des produits naturels qui peuvent servir de substitution aux insecticides conventionnels. Une phéromone, c'est une odeur qui est naturellement émise par un insecte pour lui permettre de communiquer avec ses congénères de la même espèce. Notre travail consiste à identifier cette phéromone, cette odeur, la synthétiser, ensuite la formuler et enfin, bien sûr, l'appliquer. Donc les phéromones, c'est une solution verte, responsable, biodégradable, qui ne laisse pas de résidus sur les aliments, qui ne laisse pas d'intrants dans les sols et qui n'a aucun impact, ni sur la santé humaine, ni sur le reste de la flore et de la faune, et encore moins sur les pollinisateurs. Les abeilles peuvent être tranquilles ! Mais comment fabriquer ces phéromones ? C'est une chimie biomimétique, c'est-à-dire que nous reproduisons à l'identique, en laboratoire, la phéromone qui est naturellement émise par les insectes dans la nature. Cette synthèse est conçue dans le laboratoire de Lacq, un site historiquement dédié à la production de gaz naturel. C'est une structure qui a été mise en place pour la revitalisation du bassin de Lacq. Alors là, vous entrez dans la partie laboratoire. C'est là que nous développons des voies de synthèse d'accès aux phéromones. On connaît la structure de ces molécules-là. Et nous, ce qu'on fait, c'est qu'on développe des nouvelles voies de synthèse de façon à les rendre les plus directes possibles, les plus économiques et également assurer la robustesse de ces synthèses-là. Les phéromones d'insectes ont des configurations très précises. En fait, l'insecte ne répond qu'à une géométrie de la molécule propre. Et effectivement, certaines molécules peuvent, soit ne pas avoir d'effet du tout, ou alors également elles peuvent avoir un effet néfaste. Le profil d'impureté des phéromones doit être complètement connu et maîtrisé. On a des normes qui se rapprochent un petit peu de ce qui se fait en chimie pharmaceutique dans le domaine du médicament. Les phéromones se retrouvent dans la nature. Elles doivent agir sans polluer l'écosystème. L'ensemble de nos travaux ont fait l'objet de plusieurs brevets, mais également d'un certain nombre de publications dans des journaux de renommée internationale. Ça nécessite un grand savoir faire. En fait, la difficulté, c'est de maîtriser les profils d'impuretés des phéromones de l'échelle laboratoire jusqu'à l'échelle industrielle. Une chose est de créer ces molécules, une autre est de les rendre utilisables. C'est la formulation. Le principe de la formulation, ça va être d'inclure notre actif dans un produit qui sera fini, qui sera préparé selon un cahier des charges qui a été défini au préalable selon le mode d'application qu'on voudra utiliser. Donc liquide pour être sprayé, sous forme de gel, et ça va être appliqué dans les parcelles. Et donc, nous on va utiliser notre technologie brevetée de micro encapsulation pour formuler nos phéromones. Donc le principe, c'est d'utiliser des composés biodégradables à base d'huiles et de cires diverses et variées dans une base aqueuse. Notre phase huileuse contient la phéromone et on va venir former des capsules d'huiles contenant cette phéromone dispersée dans une base aqueuse. C'est comme la mayonnaise ! Et ça nous permet aujourd'hui d'appliquer nos produits dans les cultures et de ne pas avoir à les retirer derrière, en fin de saison. Protégées dans de petites capsules, les fragiles phéromones peuvent se libérer en douceur pendant des mois, quelle que soit la météo. Pour être certain de la quantité qui est mise dans les champs, pour le piégeage ou la confusion, il est important de savoir la quantité exacte d'actifs qu'on a dans chaque formulation. On a un principe d'extraction qui permet de vérifier la quantité exacte de phéromones dans les formulations que l'on va vendre ou pour les essais. On est de l'ordre de 0,001 % jusqu'où on peut aller. Après la formulation, l'application. Donc on se retrouve dans les vignes du Béarn pour l'application d'une solution de biocontrôle contre un insecte qui est le ver de grappe. Donc c'est un petit papillon qui va pondre dans le raisin, abîmer la pellicule de raisin et ensuite entraîner son pourrissement, mais également de toute la grappe. Ça peut provoquer jusqu'à 60 % de pertes de récolte. Contre cet insecte, l'action de la phéromone repose sur... La confusion sexuelle. Alors, le principe de la confusion sexuelle, ça consiste à venir mettre un nuage de phéromones au-dessus de la vigne pour que le mâle ne retrouve pas la femelle. Et cette solution, elle est appliquée une seule fois et elle va durer pendant 120 jours. Alors comment est ce qu'on procède ? On va déposer une noisette. Il suffit de la mettre tous les deux ou trois ceps de vigne. Ça représente à peu près 125 grammes de phéromones pour un hectare. Et avec 125 grammes de produit, on va pouvoir protéger un hectare de vignes pendant toute la saison. Selon le terrain et les cultures, les phéromones peuvent être appliquées sous forme de gel ou de liquide par pulvérisation. Pour le viticulteur, rien ne change, à part le produit utilisé. Il n'a pas besoin de changer son matériel, il n'a pas besoin de changer ses habitudes. Donc les retours sont vraiment excellents. Les performances du produit sont comparables aux autres solutions conventionnelles qui étaient autrefois disponibles, mais également aux solutions biologiques qui pouvaient exister sur le marché. En ayant quelque chose qui soit plus respectueux de l'environnement. Notre solution avec le gel biodégradable est également sans microplastiques. L'usage de plastique à usage unique sera interdit dans l'agriculture sous peu. Donc c'est vraiment une solution qui est beaucoup plus avantageuse pour tout le monde, à la fois pour l'agriculteur, le viticulteur mais également pour l'environnement. La viticulture représente près de 20 % des usages d'insecticides. L'enjeu est important, en particulier pour les cultures bio, mais d'autres cultures sont concernées. Un des gros avantages de cette méthode, c'est aussi qu'elle est applicable dans un très grand nombre de configurations différentes. En grandes cultures, puisqu'on a des produits pour le coton, pour le maïs, on a des projets de recherche sur le colza, sur le soja.. . C'est également une solution qui est parfaitement adaptée pour les espaces verts. Donc là, on va se rendre dans un très joli parc et jardin du château de Morlane, à côté de Pau. Les buis, ici comme partout ailleurs en France, sont attaqués par un insecte qui s'appelle la pyrale du buis. Ici, nous appliquons aussi une solution de biocontrôle à base de phéromones en confusion sexuelle. On l'applique trois fois dans l'année, un petit peu avant chaque vol. Donc le principe reste exactement le même. On ouvre un peu le buis, on vient déposer une petite noisette, tous les deux mètres. Mais quand on a uniquement un buis comme celui ci à protéger, ça peut être le cas dans son jardin, dans le jardin de Monsieur et Madame Tout le monde. Une méthode très simple, avec beaucoup de contenu technologique à l'intérieur. Donc c'est un piège dans lequel on va venir déposer la phéromone normalement émise par la femelle de la pyrale de buis et on va attirer ainsi les mâles. Eh bien les mâles ne pourront pas s'accoupler avec la femelle et donc on va réduire les dégâts. C'est un élément, la phéromone, qui est sélective et qui ne développe pas de résistance. Et on va pouvoir avoir d'autres designs de pièges avec d'autres phéromones pour protéger, qui son carré de tomates, qui son pommiers, qui son pin contre la processionnaire ou son marronnier contre la mineuse. M2i a mis au point un système d'application digne de James Bond. Des billes de gel de phéromones sont tirées directement à la cime des grands arbres où elles sont les plus efficaces. Une chasse sans danger et 100 % écologique.