Comment faire reverdir des zones isolées ou brûlées par des incendies ? La réponse est simple, en apparence : il suffirait de lâcher des graines depuis les airs, ce qu'on appelle un ensemencement aérien. Dans les faits, les graines peuvent être mangées par la faune locale ou endommagées par les conditions météo. Des ingénieurs américains ont donc mis au point un dispositif original : un porte-graine capable de s’enterrer. Inspiré des graines de l’Erodium, le dispositif présente une queue « en tire-bouchon » qui va lui permettre de s’enfoncer dans le sol. Sauf que contrairement à la graine d’Erodium qui n’arrive pas à s’ancrer sur un sol plat, ce porte-graine y parvient dans 80% des cas ! L’équipe a en effet équipé son porte-graine de 3 queues, contre une seule naturellement présente chez la graine d’Erodium. Une optimisation qui permet un meilleur ancrage. Mais la différence majeure réside dans la matière-même du porte-graine. Les auteurs utilisent du bois de chêne, naturellement hygromorphe, c’est-à-dire capable de changer de forme en réponse à l’humidité atmosphérique. Humide, le dispositif se déroule et place la graine sous la terre. Sec, il se ré-enroule et pousse la graine un peu plus dans le sol. Pour mettre au point ce mécanisme, les ingénieurs sont parvenus à rendre le bois très malléable, tout en conservant une rigidité indispensable au forage dans le sol. Essence du bois, sens de la fibre, épaisseur des feuilles de bois utilisé, et bains chimiques particuliers : tout a été testé et optimisé. Si bien qu’aujourd’hui, chaque support peut transporter des graines longues de plus d’un centimètre. Des travaux restent néanmoins nécessaires pour s’assurer que cette solution biosinspirée est efficace dans des environnements difficiles, soumis à intempéries.