À Bornéo, des archéologues ont fait une découverte qui bouleverse la préhistoire de la médecine, en mettant au jour le squelette complet d’un jeune chasseur cueilleur.
Un squelette dont il manque une partie du membre inférieur gauche.
En auscultant cette jambe, les chercheurs écartent l’hypothèse d’une malformation ou d’un accident : le tibia et le péroné portent la trace d’une découpe droite, assez nette, et d’une cicatrisation post opératoire. Ils sont alors formels : il s’agit bien d’une amputation, d’un acte chirurgical volontaire, complexe et réussi, car ce chasseur cueilleur a survécu plusieurs années à cette chirurgie !
L’analyse montre en effet que ce jeune adulte a été amputé pendant l’enfance : les os de la jambe gauche, contrairement à ceux de la droite, sont petits, minces et fragiles, des os d’enfant dont la croissance s’est arrêtée après l’amputation.
La singularité de cette découverte tient à la date de ces ossements qui remontent à 31 000 ans. Car la plus ancienne trace d’amputation connue dans le monde à ce jour datait d’il y a seulement 7000 ans sur un corps découvert dans une sépulture à Buthiers-Boulancourt, en Seine et Marne.
Le jeune adulte de Bornéo repousse la maitrise de cette technique bien au-delà de la période néolithique et dessine en creux un nouveau portrait d’une société de chasseur cueilleurs très ancienne.
Dans cet environnement très escarpé, dont les grottes abritent les plus anciennes peintures rupestres connues à ce jour, le jeune handicapé n’a pu survivre qu’entouré et soutenu par une communauté. Les soins qui lui ont été prodigués lors de l’opération et après dénotent aussi une très bonne connaissance de l’anatomie humaine et d’une pharmacopée qui lui a permis de survivre et d’échapper à une infection le plus souvent fatale.