FILM : « Une agriculture naturelle » Voix off : Depuis des centaines de millions d’années, la nature sait cultiver de façon harmonieuse. Pourtant, l’homme a choisit d’exploiter cette nature en y appliquant des méthodes d’agriculture intensive et en modifiant profondément son paysage. Ici, dans ce paysage préservé, on peut observer des haies qui protègent du vent, des associations entre bonnes et soi-disantes mauvaises herbes, une terre qui est la moins compacte possible, des buttes sur lesquelles poussent toutes sortes de fleurs. Cela semble désordonné, mais ces écosystèmes sont en vérité parfaitement organisés afin de permettre à la terre de produire en abondance. En prenant ainsi mieux soin de la terre est-il possible de développer une nouvelle forme d’agriculture viable et durable ? Chercheur : Au bec Hellouin, nous nous inspirons d’une approche contemporaine qui s’appelle la permaculture. Elle est née en Australie dans les années 70. L’idée est simplissime, un enfant peu la comprendre : c’est s’inspirer de la nature, s’inspirer du fonctionnement des écosystèmes naturels pour créer des installations humaines de tous ordres, fermes, jardins, villes, entreprises qui fonctionnent autant se faire que peu comme des écosystèmes. C’est à dire en boucle sans générer de déchets avec un maximum de productivité . L’étymologie de permaculture veut dire culture permanente, donc il y a cette idée de chercher à habiter durablement la planète. Voilà une aquarelle qui représente nos jardins, donc là on est là au cœur du jardin Mandala, la rivière, les serres, le jardin au bord de la rivière, le jardin qu’on appelle des pommiers. On voit qu’il y a des arbres fruitiers vraiment partout, et puis tout cet ensemble créé autour des mares, des deux iles jardins qui sont là, avec la forêt jardin qui est en fer à cheval du côté des vents dominants donc elles protègent les iles. Dans la nature, les zones d’échange entre deux milieux naturels sont toujours les plus productives. C’est une forme de métissage, comme dans nos sociétés, le métissage est bénéfique. Et l’interface terre eau, elle est généralement extrêmement productive. Les mares apportent beaucoup au jardin, les roseaux qui y poussent très vite, la vase qui s’y dépose, sont des sources de fertilité. Les mares jouent également un rôle dans l’établissement d’un microclimat favorable aux légumes parce qu’elles jouent un rôle de régulateur thermique. Voix off : La permaculture cherche à recréer les échanges et les connexions invisibles qui existent entre les différents éléments d’un système tout comme dans la nature. Ces éléments ne sont donc pas positionnés au hasard et chacun remplit plusieurs fonctions. La permaculture, c’est aussi l’art de prendre soin de la terre pour la rendre plus cultivable. Chercheur : Dans la nature, le sol n’est pas travaillé par des charrues. Donc nous, comme on cherche à imiter la nature, on cultive sur des buttes permanentes. L’idée, c’est très simple, on fait un amoncellement de bonnes terres arables qu’on peut enrichir avec du compost, éventuellement avec des branches ou avec un tronc d’arbre au milieu de la butte. La ferme est implantée dans un endroit qui n’était pas du tout propice au maraîchage. Des archéologues nous ont dit que ces fonds de vallées n’ont jamais étaient cultivés parce qu’ il n’y a pas sol et parce que la petite couche de terre arable est très mauvaise. On a vraiment eu pour objectif constant de créer du sol et, comme on travaille sur de toutes petites surfaces, on peut créer du sol, et on utilise toutes les biomasses qui sont à disposition, les feuilles mortes, les fougères, les orties, le fumier de nos animaux, on a des toilettes sèches, le déchets des cultures, etc. Rien n’est gaspillé et on arrive petit à petit à créer un sol de plus en plus profond, de plus en plus fertile. Donc, c’est un système qui est plus naturel et beaucoup plus productif. Ici, on a une biodiversité énorme puisqu’on cultive à peu prés 1000 végétaux. On a 500 variétés d’arbres fruitiers par exemple. On a à peu prés 300 variétés de légumes avec beaucoup de variétés anciennes, des variétés modernes. On mène, depuis 2011,, une étude en partenariat avec Agroparistech et l’INRA sur les rendements, sur les performances économiques de cette forme de maraîchage complètement manuelle inspirée de la permaculture. Les résultats sont complètements surprenants car contrairement à toute attente, on voit que cultiver à la main est extraordinairement efficace. On produit autant de légumes à l’heure en faisant tout à la main que nos confrères avec un tracteur mais sur une surface qui est à 10 ou 12 fois moins grande ! Nous on cherche juste à favoriser ces mécanismes de la vie, à faire en sorte que la vie des graines, la vie du sol, la vie des animaux et des végétaux puisse s’épanouir, qu’elle ait les meilleures conditions possibles. Donc on est des serviteurs de la vie, on prend soin de la terre et en retour la terre prend soin de nous. Voix off : Dans un monde où l’alimentation est l’un des enjeux majeurs, la permaculture représente un formidable espoir pour pouvoir nourrir demain l’humanité. Car elle permet de recréer des terres arables et surtout d’aménager de nombreuses zones de cultures sur des petites surfaces en milieu urbain.