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La Loire, à son niveau le plus bas le 8 août 2022 à Saumur (ouest de la France) à cause d'un épisode de canicule © AFP/Archives Guillaume Souvant

La hausse des températures est plus importante que prévue, notamment en France. C’est ce qu’apporte la dernière étude du CNRS, du CNRM, et du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs) parue début octobre dans la revue « Earth Systems Dynamics ». Les chercheurs ont analysé les données récoltées depuis 1899 par une trentaine de stations météorologiques partout sur le territoire.

Constat déjà palpable : la hausse des températures dans l’Hexagone est déjà en cours et plus élevé que prévu. La température moyenne de la France actuelle est de 1,66 degré supérieur à la période 1900-1930. « Dont la quasi-totalité (1,63 degré) sont dus uniquement aux activités humaines », souligne l’un des auteurs de l’étude Aurélien Ribes, climatologue au Centre national de la recherche météorologique (CNRM). « Chaque tonne de CO2 compte dans la mesure où le réchauffement dépend du niveau d’émission cumulé », ajoute-t-il, ajoutant que « pour 2023, on atteindrait déjà +1,8 degré ».

Le dernier rapport des experts climat de l’ONU (Giec) a montré que la planète avait déjà gagné en moyenne près de 1,2 °C depuis l’ère préindustrielle en raison des gaz à effet de serre générés par ces activités humaines.

Prévision plus pessimiste que les précédentes

Quid du futur ? Pour y répondre, les scientifiques ont alors établi différents scénarios pour tenter de calculer le climat de 2100 : le plus optimiste — la neutralité carbone est atteinte en 2050 à l’échelle planétaire —, au plus pessimiste — les émissions continuent de grimper. Résultat : les températures dans l’Hexagone pourraient augmenter en 2100 de 3,8 degrés en moyenne par rapport au début du XXe siècle, si les émissions de gaz à effet de serre ne baissent pas drastiquement.

« Cela représente une hausse jusqu’à 50 % plus élevée que les précédentes prévisions », indique Aurélien Ribes. Dans le pire des scénarios, celui où on continuerait à avoir un recours massif aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), les températures moyennes pourraient grimper de 6,7 degrés, avertissent les auteurs. Dans le scénario plus optimiste, l’augmentation de la température serait de 2,3 °C.

Dans l’ensemble, « la France se réchaufferait davantage (environ +20 %) que la moyenne planétaire », affirme Aurélien Ribes, avec une hausse moyenne de 0,36 degré par décennie. 

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Crue à Saint-Martin-Vésubie (sud-est de la France) le 3 octobre 2020 après de fortes pluies © AFP/Archives Valery Hache

Hautes températures et phénomènes extrêmes

Des hausses de températures inégalement réparties sur le territoire et selon les saisons. Elles pourraient être plus élevées autour de l’arc méditerranéen ou en montagne. Et si en hiver, la hausse des températures serait de 3,2 °C (2,3 à 4,2 °C selon les régions), en été, le thermomètre pourrait s’affoler, avec une hausse moyenne de 5,1 degrés (3,6 à 6,6 °C selon les régions).

« Cela voudrait dire qu’on aurait des phénomènes extrêmes (chaleur, sécheresse, inondations…) largement plus forts que ce qu’on a connu à l’été 2022, où le réchauffement n’était que de 4 degrés en moyenne », souligne Julien Boé, chercheur en climatologie au CNRS. Ils seront aussi plus fréquents et surtout plus intenses, note Aurélien Ribes.

Selon Météo-France, dans un scénario à 4° de réchauffement, les vagues de chaleur seraient plus longues et leur fréquence devrait doubler d’ici 2050. Selon le Giec, chaque degré supplémentaire de réchauffement équivaut à une augmentation de 7 % des précipitations lors des tempêtes et orages.

Dans tous les scénarios, ce réchauffement aura « des conséquences sur les écosystèmes et la biodiversité, avec des habitats qui deviendront moins favorables à certaines espèces, qui seraient contraintes de se déplacer, et aussi sur le système agricole » avec l’abandon de certaines cultures, faute d’eau ou un changement dans les cycles de récolte, explique M. Boé.