Lorsque nous regardons des paysages naturels, lorsque nous contemplons la beauté de toutes sortes d'organismes vivants, nous ne devinons pas les avancées technologiques que ces organismes ont développées, ni leur fonctionnement en écosystèmes parfaitement équilibrés. La démarche qui étudie le monde vivant pour mieux s'en inspirer s'appelle le biomimétisme. Dans quels buts l'homme cherche-t-il à comprendre la nature aujourd'hui, et pourquoi s'inspirer du vivant ? Le vivant va regrouper l'ensemble des espèces qui vivent à la surface de la planète. Et donc ça va des bactéries à l'être humain, Jusqu'à l'espèce Homo sapiens. Les espèces qu'on observe aujourd'hui, elles sont le résultat de près de 4 milliards d'années d'évolution, et ces 4 milliards d'années d'évolution, il faut prendre conscience que c'est des essais et des erreurs qui vont être sélectionnés ou non par le processus de sélection naturelle. Et, en ce sens, le fait d'avoir eu 4 milliards d'années de recherche et de développement font de la biologie, du vivant, un réservoir d'innovations potentielles. Pourquoi on s'inspire du vivant aujourd'hui? Il y a actuellement une conjonction de plusieurs crises et j'apprendrai rien à personne en citant la crise du climat. Mais également la crise de la biodiversité, mais je rajouterai aussi une certaine crise sociale, liée à la répartition des richesses. La conjonction de ces trois crises-là interroge nos modes de production et de consommation, et ce qui était peut-être les solutions du 20ème siècle sont devenues les problèmes du 21ème. Ce qui est intéressant, c'est que la nature et le vivant apportent des réponses à tous les grands défis de société aujourd'hui. Par exemple, le vivant a misé sur les énergies renouvelables depuis le début et en particulier l'énergie solaire. Il y a des tas de choses effectivement qu'on ne fait pas et que le vivant fait depuis très très longtemps. Utiliser ce qui est abondant plutôt que ce qui est rare. L'économie du vivant n'est pas basée sur la rareté parce que c'est un cul-de-sac annoncé, mais sur l'abondance. Un autre principe, c'est fabriquer à pression et à température ambiante. Le vivant excelle dans l'élaboration de matériaux qui sont des matériaux complexes, multifonctionnels. Et ces propriétés des matériaux, elles vont depuis l'hydrophobie jusqu'à des propriétés optiques remarquables, de la légèreté dans leur structure, de la résistance mécanique. Par exemple, il y a des déchets dans le vivant, mais c'est toujours une ressource pour d'autres organismes. La feuille qui est un magnifique panneau solaire fabriqué à température et pression ambiante avec des éléments abondants, une fois qu'elle se fane, elle devient ressource qui va créer de l'humus. Et donc on est pas dans une économie linéaire, on est dans une économie circulaire où le déchet devient une ressource pour quelqu'un d'autre. C'est grâce aux progrès récents de la science que nous pouvons explorer la richesse du vivant et en découvrir les prouesses. La transposition de ces connaissances à nos sociétés humaines pourra-t-elle les transformer de façon durable et nous inciter à mieux préserver la biodiversité ? Imaginons par exemple qu'un concepteur se pose la question de substituer, trouver un nouvel adhésif. La juste façon de se poser la question lorsque qu'on veut faire du biomimétisme, c'est pas de se dire qu'est-ce qu'il y a comme colle dans le vivant, cela va être de se dire quelles sont les différentes stratégies d'assemblage dans le vivant. et peut-être qu'à ce moment là on pourra tomber sur d'autres stratégies que de la colle, on pourra retomber, par exemple, sur la façon dont un gecko peut s'accrocher sur une vitre et qui n'est pas dépendant d'une colle, c'est un système physico-chimique complètement différent. On peut citer l'entreprise Tissium qui travaille sur l'imitation de la composition de la salive des vers tubicoles qui sont en capacité de coller des petits grains de sables entre eux grâce à leur salive. Et la compréhension des mécanismes chimiques à l'intérieur de cette salive a permis de développer des colles chirurgicales innovantes. Le vivant également peut nous servir pour pouvoir concevoir par exemple de nouvelles villes durables qui s'inspirent de la façon dont les organismes vont échanger matière, énergie et informations. Le biomimétisme, c'est forcément une approche multidisciplinaire, c'est forcément un dialogue entre la biologie, au sens très large et d'autres disciplines. Aussi bien le management, les sciences des matériaux, les sciences de l'ingénierie, l'architecture, on a besoin de philosophes, on a besoin d'artistes, on a besoin de plusieurs sensibilités. Ce biomimétisme, il offre une opportunité de repenser nos systèmes de conception, de repenser le cahier des charges des différents produits et services que nous allons développer. De façon à les rendre compatibles avec la biosphère et donc de façon à les rendre durables. On est vraiment dans une biodiversité qui nous est indispensable, on dépend d'elle, nous espèce humaine. On dépend d'elle par des tas de façons que les scientifiques décrivent comme les services écosystémiques. Ce qu'on prélève dans la nature pour notre alimentation, nos fibres, nos médicaments, ce qui nous permet de réguler les choses. comme par exemple le climat, les forêts qui poussent, qui fixent du carbone. Donc il y a un lien énorme entre enjeux du biomimétisme et innovation et faire en sorte qu'on ne détruise pas ce tissu du vivant dont nous sommes un motif. Le biomimétisme propose des réponses concrètes aux enjeux à la fois du développement durable, de la lutte contre le réchauffement climatique et de la protection de la biodiversité. Apprendre de la nature et se réconcilier avec elle est une promesse pleine d'espoir pour une humanité consciente des changements dans lesquels elle doit s'engager.