« Bon appétit les termites » Voix off : Les bulles de gaz qui remontent à la surface de ce marais, tout comme les gaz émis par les vertébrés ruminants, sont un processus naturel de dégradation de la matière organique en gaz. On parle, dans ce cas, de méthanisation ou de digestion anaérobie. Cette digestion est due à l’action de micro-organismes, bactéries et protozoaires présents à l’intérieur de certains intestins d’animaux. Dans l’intestin des termites par exemple, plus de 80% de la matière organique est transformée en biogaz, c’est-à-dire en un mélange de méthane et de CO2. Ce rendement est l’un des plus performants que l’on trouve dans la nature. Ne pourrait-on pas alors demain produire du gaz naturel aussi bien que les termites ? Chercheur : L’homme pratique la méthanisation depuis très longtemps. Depuis plus d’un siècle, dans les activités agricoles, les résidus de ces activités agricoles ont été méthanisés pour produire du biogaz. On le fait à l’échelle industrielle. Les déchets organiques, les déchets de supermarché, les déchets verts, les boues d’épuration dans nos stations d’épuration ont un potentiel de production de biogaz. Donc, on les met en œuvre dans des digesteurs anaérobies pour produire du biogaz, une énergie renouvelable, et tout ceci avec un impact environnemental neutre. Donc, ici, au CIRCEE, on mène différentes recherches pour produire plus de biogaz. On peut le faire en optimisant le bon mélange déchets boues de stations d’épuration. On peut travailler aussi sur l’amélioration des performances de la digestion anaérobie. Actuellement, on est limité à environ 50% de dégradation de la matière. On cherche à aller plus loin, à atteindre des rendements de l’ordre de 70 à 80 %. Suez environnement a décidé de se lancer dans une approche assez originale avec différents partenaires, avec l’INRA, avec l’IRSTEA, avec l’IRD, où, en fait, on prend une position plus humble. On essaie d’observer la nature en faisant le constat que la nature ne nous a pas attendu pour produire du biogaz. Beaucoup d’organismes sont capables de produire ce biogaz de matière plus optimale que ce que l’on fait dans nos procédés industriels. Voix off : Ces chercheurs ont étudié le tube digestif de plus de 190 organismes afin d’en reproduire les différentes étapes. La termite et la vache sont les deux animaux qui ont été retenus du fait de leur performance particulière dans la production de méthane. Chercheur : La termite est un des organismes qui produit le plus de méthane au monde, et à partir de matière difficile à dégrader, des matières cellulosiques. Et la vache a aussi un processus intéressant de digestion, la rumination, qui permet de digérer, en quelque sorte, la matière plusieurs fois. Une première approche à consister à étudier le tube digestif des termites et à le décomposer en différentes étapes que nous avons testées dans différentes cuves à l’échelle laboratoire, dans des réacteurs anaérobies, et avec différentes étapes de prétraitements. Et, en combinant ces différentes étapes, nous avons mesuré de manière précise la quantité de biogaz généré. Une deuxième approche a été d’étudier les bactéries présentes dans les tubes digestifs des termites puisque ce sont elles qui produisent le biogaz. Donc, avec différentes techniques biologiques, génomiques, nous avons cherché à identifier les bactéries présentes et celles qui s’expriment le mieux pour produire du biogaz. Il reste encore de nombreuses étapes avant de comprendre parfaitement ces processus pour la mise en œuvre industrielle des solutions, pour qu’elles soient économiquement viables. Mais, compte tenu de l’enjeu, d’une quantité de déchets qui augmente sans cesse, du gisement potentiel présent dans ces déchets, si on prend l’exemple de suez environnement et des 80 digesteurs que nous exploitons, c’est un potentiel de production d’énergie équivalant à un réacteur nucléaire. Voix off : Dans un monde qui produit de plus en plus de déchet, une méthanisation plus performante inspirée de la nature représente l’une des solutions les mieux adaptées à la préservation de notre environnement.