FILM : « Des bactéries réparatrices » Voix off : Les abysses des océans représentent l’un des milieux les moins explorés de la planète. Autour de ces volcans sous-marins dont les températures dépassent plus de 300 degrés, existent des écosystèmes constitués d’animaux et de micro-organismes inconnus. L’Institut Ifremer, à la fin de années 80, a réalisé des prélèvements sur ces sources hydrothermales et a découvert de nouvelles bactéries. Comment ces bactéries peuvent-elles être utiles au corps humain et plus particulièrement à nos os et à nos tissus ? Chercheur 1 : Nous avons isolé des bactéries qui pouvaient produire des polysaccharides. Ces bactéries sont de genre connues mais totalement nouvelles, donc mes collègues leur ont donné des noms un peu bizarre comme Alteromonas Infernus ou Vibrio Diabolicus. Ces polysaccharides produits par les bactéries marines possèdent des propriétés physico-chimiques et biologiques que l’on retrouve dans les glycosaminoglycanes, et ces glycosaminoglycanes ce sont les polysaccharides de nos tissus. On les trouve dans notre peau, nos os, notre cartilage et ce sont vraiment des molécules importantes pour la physologie du tissu. Au laboratoire, on les modifie pour avoir des molécules de plus petites tailles encore plus sulfatées. Associés à des cellules humaines, ces polysaccharides peuvent agir sur l’activité de la cellule, ils peuvent soit favoriser une fonction soit l’inhiber. Voix off : Ces molécules synthétisées par la nature offrent de nouvelles perspectives aux chercheurs spécialisés dans la reproduction de cartilage et de tissus osseux. Chercheur 2 : On veut régénérer du tissu osseux, donc on veut essayer de mimer les tissus osseux pour essayer de leur ressembler le plus possible. Que trouve-t-on dans un tissu osseux ? On trouve une partie minérale, dense, dure et on trouve une partie organique plus molle, faite de tissus mou et on va donc essayer de pouvoir récréer ces deux environnements pour permettre aux cellules de refabriquer du tissu osseux. Et ce matériel mou, c’est la matrice dans laquelle vivent les cellules et on va récréer cette matrice là qui en fait un type d’hydrogel. On est fait à 90% d’hydrogel, d’eau avec des macro-molécules et c’est ce qu’on va essayer de reconstituer et de refaire comme le fait la nature pour que des cellules puissent à l’intérieur se développer, vivre, se multiplier et récréer de l’environnement pour pouvoir générer du tissu. Nos hydrogels depuis quelques années sont à base de plantes qui ont été modifiées, ce sont des polysaccharides qui viennent de la cellulose, donc du coton et du bois. Quand on met des cellules dans ces hydrogels, en fait les cellules restent vivantes, mais il ne se passe rien, il n’y a pas d’interaction, mais de temps en temps on besoin de macro-molécules plus spécifiques qui vont avoir une interaction avec, par exemple, un facteur de croissance. D’ou l’idée d’aller prendre des polysaccharides que l’Ifremer nous a proposé qui miment des molécules sulfatées qu’on trouve dans notre organisme et qui ont des interactions très fortes avec des protéines qui jouent le rôle de facteurs de croissance, c’est à dire qui vont donner des ordres aux cellules pour aller dans telle ou telle direction et pour faire tel ou tel tissu. Pratiquement tous les domaines de la médecine régénératrice maintenant utilisent des hydrogels. Particulièrement pour les cartilages, pour le disque intervertébrale, y compris le tissu osseux, car cela maintient le phosphate de calcium en position mais on utilise aussi des hydrogels pour la régénération cardiaque, pour le pancréas artificiel, pour régénérer du foie, pour la peau, pour l’œil, parce qu’en fait nous mimons la matrice extracellulaire, c’est à dire le milieu dans lequel vivent les cellules. Faut essayer d’utiliser des hydrogels qui vont être les plus adaptés à la fonction et à l’organe. Voix off : Les océans recèlent une biodiversité dont nous ne connaissons pas toutes les potentialités. En préservant encore mieux ces écosystèmes naturels, nous pourrons découvrir de nouvelles molécules pour la médecine de demain.
Réalisation :
Pascal Moret , Jean-Philippe Camborde
Production :
La Belle Société - Universcience - CNRS Images - Inserm - France Télévisions - MNHN - A way to wake up - Ceebios - Ville de Senlis - Biomimicry Europa
Année de production :
2016
Durée :
4min54
Accessibilité :
sous-titres français