Un paysage à faire rêver. Mais vous ne vous y rendrez pas comme ça. Avant de pénétrer l’île : un permis est nécessaire puis, désinfection. Il faut congeler ses habits quotidiennement. Les espèces invasives n’y sont pas les bienvenues car elles pourraient perturber l’écosystème de l’atoll. Dans ce petit cocon isolé au beau milieu du Pacifique l’écosystème s’est régénéré. Grâce, entre autres, aux champignons. L’atoll Palmyra, à mi-chemin entre Hawaï et les îles Samoa, a été soumis à de rudes épreuves. D’abord utilisé pour la culture intensive de cocotiers, il est ensuite mis au service de l’armée américaine pendant la seconde guerre mondiale : l’île devient une base militaire. Des rats noirs l’infestent et les palmiers, trop abondants, grignotent l’écosystème. Pour le sauvegarder, une grande partie de ces arbres est abattus et les rongeurs ont été éradiqués. Aujourd’hui, coraux, requins, oiseaux de mer et forêt s’épanouissent à nouveau. Le Pisconia grandis, l’arbre géant des forêts tropicales du Pacifique, domine Palmyra. Et il intéresse particulièrement cette équipe de chercheurs venue prélever des échantillons sur l’île. Avec une question en tête : comment les champignons aident à restaurer cet écosystème ? Au départ, un cycle naturel : les oiseaux de mer font leurs nids parmi les Pisconias. Ils y déposent des guanos qui fertilisent les sols. Que viennent faire les champignons dans tout ça ? Et bien, les micro-organismes faciliteraient le transport de nutriments vers les plantes en développant des réseaux depuis les racines. Ils ne travaillent pas seuls. Les nombreuses espèces de crabes, notamment les robustes crabes de cocotier, mettraient également leurs pinces à la patte. En creusant des terriers, ils disperseraient ces champignons dans les sols. C’est la première fois que des scientifiques s’intéressent au réseau fongique de l’atoll. Et pas seulement sous terre, car ils se demandent si les champignons aident aussi à préserver l’écosystème marin : ses récifs coralliens et la population de planctons. L’atoll ayant été peu exploré à ce jour, l’équipe espère aussi découvrir de nouvelles espèces de champignons, capables peut-être de résister à des conditions extrêmes. Un espoir possible pour l’équilibre écologique d’écosystèmes ailleurs dans le monde, soumis au changement climatique.