C’était un petit bout de chou d’un mètre et de seulement 28 kilos. Mais ne vous fiez pas à sa petite taille et son poids plume : Lucy, longtemps considérée comme l’ancêtre de l’humanité, était bien plus baraquée que nous. Et pour la première fois, ses muscles inférieurs ont été reconstitués en 3D. Voici ce qu’il nous reste de Lucy. Découverte en Éthiopie en 1974, l’australopithèque a pu être étudiée grâce à ses restes fossiles remarquablement conservés. 40% de son squelette a été exhumé. Aujourd’hui, sa bipédie ne fait plus débat : un bassin large orienté vers l’avant, des muscles fessiers attachés sur les côtés, les fémurs convergeants… Tout y est. Mais qu’en est-il de sa posture ? Lucy est souvent représentée ainsi : accroupie ou très penchée vers l’avant. Une posture proche de celle des grands singes, les chimpanzés ou les gorilles par exemple. Pourtant, ces 20 dernières années, un autre consensus a émergé. Lucy était en fait capable de se déplacer comme l’homme moderne, debout, avec la jambe allongée et le genou tendu. Une posture érigée qu’une nouvelle étude confirme. À partir de scans du célèbre fossile et de données d’imagerie médicale, une équipe de l’université de Cambridge a reconstruit 36 muscles sur chaque jambe de Lucy : leur structure, leur positionnement mais aussi leurs espacements précis. Les résultats le montrent : Lucy était bien capable de se redresser. Son appareil extenseur au niveau de genou dispose de l’effet de levier nécessaire pour étendre l’articulation. Cette étude montre aussi que Lucy était bien plus musclée qu’homo sapiens. Sa masse musculaire représente 74 % de sa masse totale, contre à peine 50 % chez l’Homme moderne. Et ce n’est pas tout. Le volume des muscles de ses mollets et de ses cuisses est deux fois supérieur au nôtre ! Lucy était donc aussi à l’aise pour grimper aux arbres que pour marcher dans la savane. Un double moyen de locomotion bien pratique pour sillonner ses deux habitats. Mais cette faculté semble avoir depuis disparue. Les primates modernes ne sont plus aussi polyvalents : soit acrobates dans les arbres, soit érigés pieds sur terre.