Les souvenirs aussi
Voix off Olivier Weller : Je m’appelle Olivier Weller, archéologue. Et je fouille avec mon équipe le site de tournage de Peau d’âne, ce que je vous raconte ici.
Le cinéaste Pascal Thomas, à l’époque journaliste, s’est rendu sur les lieux durant un jour seulement.
Olivier Weller : Alors là on arrive dans la cours de la ferme. Vous vous souvenez de quelque chose ?
Pascal Thomas : Pas du gazon ! C'était une pierreuse, une cour empierrée.
Mais les gens sont plutôt immobiles, c’est-à-dire il n'y a pas de grande agitation.
Olivier Weller : tout le monde est immobile sauf un personnage...
Pascal Thomas : sous l'effet
Olivier Weller : D'une magie.
Pascal Thomas : d'une magie immobilisante.
Olivier Weller : seule une espèce de sorcière qui crache des crapauds se tient là devant cette porte
Pascal Thomas : Derrière moi...
Olivier Weller : Voilà derrière vous. Et la scène ressemble à ça.
Pascal Thomas : C'est ça.
Extrait Peau d'âne
Sorcière : Entre Peau d’âne, je t’attendais.
Olivier Weller : Donc vous arrivez le matin, vous assistez à des scènes donc de répétition, à la vie du tournage...
Pascal Thomas : Oui bon je bavarde avec Agnès, on s'était vus pendant longtemps, pendant plus de 2 mois aux Etats-Unis, à los Angeles, c'était une période où les pétards... étaient fumés abondamment... Je crois pas que Jacques un petit, Agnès non... Mais il y avait une soirée avec des pot cookies. Et le pot cookie moi j’ai cru que c'était un gâteau au chocolat, j'avais mangé tout le pot cookie, c'était un beau gâteau comme ça, les ¾. Et ils attendaient ma réaction, mais je dois dire que ça n'a eu aucun effet sur moi. Aucun effet, même pas de rêverie...
Extrait Peau d'âne
Prince-Princesse : Mais qu'allons-nous faire de tous ces plaisirs ?
Il y en a tant sur terre
Voix off Olivier Weller : Rosalie Varda la fille d’Agnès Varda et Jacques Demy a des souvenirs précis
Rosalie Varda: J’avais des sabots avec du foin dedans, je me rappelle ca faisait mal aux pieds. Il faisait très chaud. Catherine, c’était difficile pour elle parce qu’elle portait des seaux qui étaient lourds, elle avait aussi des sabots, elle devait. Et ça sentait très mauvais, le crottin de la ferme. Ça je me rappelle bien que, il y avait vraiment une notion d’être d’un seul coup dans un monde qui n’était, qui était pas le mien. Moi j’étais une citadine. C’était assez amusant. Puis il y avait cette partie là qui était quand même les pauvres. Donc il y avait les figurants qui étaient les pauvres. Il y a toujours eu cette notion des classes sociales dans les films de Jacques que je trouve assez extraordinaire. Et il y avait donc les pauvres et il y avait les riches. Et les riches c’était la suite du Prince qui était évidemment avec des costumes de la cour. Et même sur le tournage on sentait ça. On sentait une différence de classe sociale.
Olivier Weller : Parmi les comédiens ou les figurants ?
Rosalie Varda : Oui.
Olivier Weller : Ah oui ?
Rosalie Varda : Oui.
Voix off Olivier Weller : Mais mon esprit scientifique me commandait d’asseoir mon savoir sur des documents, de consulter les archives du film que Rosalie Varda me proposait d’aller étudier.
Olivier Weller : Ah ouais. Çà c’est superbe, donc c’est toutes les photos de… la robe couleur du temps, la robe couleur du soleil, la robe couleurs de Lune.
Et on a des photos floues aussi…