Joueurs et farceurs, les singes s’invitent régulièrement sur les réseaux sociaux. Vous vous souvenez peut-être de la réaction de cet orang-outan à un tour de magie. Ou encore, de cette main baladeuse. Eh bien intrigués par cette nature blagueuse, des chercheurs ont décortiqué ce sens de l’humour présumé. Et il s’avère que les grands singes sont surtout de grands taquins. À partir d’un corpus vidéo, des scientifiques ont observé quatre espèces de primates en captivité. Ils ont codé puis extrait les comportements joueurs et provocateurs. Au total, 18 différentes formes de taquineries ont été identifiées telles que : donner des coups, pousser, chatouiller, se tirer les poils, offrir puis retirer un objet, voire le subtiliser… La majorité de ces comportements était initiée par les singes les plus jeunes. À noter que les mères étaient plus rarement visées par ces petits espiègles. Parmi les sujets étudiés, le chimpanzé semble être le plus taquin. Ses provocations favorites ? Pousser et gêner les déplacements de ses congénères. Juste derrière lui, l’orang-outan, le bonobo et enfin le gorille, adepte des bousculades. Des comportements très similaires à ceux observés chez les bébés, avant même qu’ils ne sachent parler ou marcher. À la différence du simple jeu, la “taquinerie ludique” implique un subtil équilibre entre la blague et l’agression. Le rapport entre le farceur et sa cible est asymétrique et unilatéral. Pour autant, ces provocations ne suscitent que rarement des réactions violentes et se déroulent dans un contexte détendu. Les chercheurs caractérisent la taquinerie ludique en 4 phases : la provocation, l’attente de la réaction, la répétition, voire l’intensification de la farce. Bien que de tels comportements aient déjà été observés chez les grands singes, leur dimension humoristique n’avait, elle, jamais fait l’objet d’études. Pourtant, elle appuie l’idée que le sens de l’humour est un trait partagé avec l’Homme. Les chercheurs pensent qu'il serait hérité d’un ancêtre commun vieux d'au moins 13 millions d'années. Il fallait bien s’en douter, car ce n’est pas aux grands singes que l’on apprend à faire des grimaces !