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Du tourbillon à notre identité

J’ai toujours été fasciné par la force des éléments naturels. Je voulais faire depuis longtemps la photographie d’un tourbillon. Dans notre salle de bain, on en voit parfois, mais des petits, et toujours du dessus. Alors j’ai acheté un aquarium.

Je l’ai percé de trous pour le vider comme une baignoire mais les résultats n’ont pas été très convaincants. Alors j’ai adopté une autre méthode.

J’utilise cette perceuse pour faire tourner ce mécanisme rudimentaire que je plongerais dans mon aquarium. Cet axe fait tourner via cette courroie cette hélice munie de deux pales. Pour prendre la photographie, plusieurs précautions.

La première est de placer l’appareil photo bien perpendiculaire à la vitre de l’aquarium, pour éviter des distorsions colorées que l’on appelle aberrations chromatiques. Vous savez que la lumière blanche est composée de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Si on est bien perpendiculaire, elles traversent toutes de la même manière. Par contre si on est incliné, les couleurs traversent avec un angle différent en fonction de leur longueur d’onde.

Et enfin pour ne pas oublier l’esthétique, je place sur les flancs de l’aquarium des filtres colorés.

Il n’y a plus qu’à faire tourner l’hélice. Plus l’eau est écartée de l’axe de rotation, et plus elle avance vite. L’eau veut continuer à chaque instant en ligne droite, et rencontrant les bords de l’aquarium, elle voit sa pression augmenter. Du coup cette eau va alors monter le long des parois, et comme elle ne se dilate pas, elle va délaisser le centre en formant ainsi un « trou d’air », c’est précisément le tourbillon.

Et alors ?

C’est comme si notre identité se révélait lors d’une confrontation à l’autre. Regardez bien ici. Que cela soit de l’eau ou de l’air, nous ne pouvons pas le savoir. Or c’est bien à la séparation des milieux que leur nature est visible. Plus ils s’affrontent et plus ils s’identifient. Y aurait-il donc un danger à exacerber notre identité ?

Et vous, qu’imaginez-vous ?

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D'une double goutte à l'improbable

Aujourd’hui, nous allons photographier une sculpture qui ne durera qu’une seule milliseconde.

Je reprends donc mon système : cette électrovanne va envoyer une goutte à chaque fois qu’elle reçoit une impulsion électrique qui dure 30 millisecondes. Cette goutte en tombant, va former un cratère puis par rebond un doigt d’eau, comme nous l’avons vu à l’épisode précédent.

Que se passera-t-il si j’avais l’idée saugrenue d’envoyer une deuxième goutte d’eau, de même taille pour qu’elle heurte le doigt d’eau à son maximum de hauteur ?

Il faut donc que ma centrale envoie deux gouttes. Je la programme et la séquence va commencer lorsque j’appuie sur la télécommande.

Et voilà l’arrivée de la première goutte, filmée ici avec une caméra rapide à 2 500 images par seconde. J’ai pris la liberté de placer des gélatines rouge et bleu devant le projecteur de 10 000 W pour vous faire patienter durant les 120 millisecondes nécessaires à la formation du doigt d’eau. Et… Woah ! Vraiment dommage que cela soit invisible à l’œil nu !

Regardez cette sculpture éphémère : Vous imaginez cela possible dans la nature ? Une flaque parfaitement lisse car il n’y a pas de vent. Pourtant, il pleut. Une première goutte tombe et une deuxième parfaitement alignée, tombe 120 millisecondes après exactement. Toutes ces conditions ne sont possibles qu’en laboratoire ? Peut-être… Cependant, il a plu des milliards et des milliards de gouttes depuis des milliards d’années, alors cela à bien dû arriver, non ?

Et alors ?

C’est comme si l’absence de preuve ne prouve pas qu’une idée est fausse. Les connaissances scientifiques s’appuyant sur la reproductibilité, elles apparaissent comme sûres, et il n’est pas dangereux d’y croire. Mais si vous n’arriviez pas à vérifier une théorie, peu de gens oseront y croire, de peur d’être dans l’erreur. Pour autant, qui aurait cru à la relativité il y a deux siècles ? Le scepticisme est peut-être le pire ennemi du chercheur. Lorsque vous en avez conscience, vous êtes dans une position inconfortable mais prometteuse : celle d’envisager comme potentiellement vraie l’idée la plus improbable.

Et vous, qu’imaginez-vous ?